États-Unis : cette élection partielle qui pourrait porter un coup à Trump

L'élection partielle dans l'État de Géorgie est considérée comme un scrutin test pour Donald Trump, trois mois après son entrée en fonctions.
L'élection partielle dans l'État de Géorgie est considérée comme un scrutin test pour Donald Trump, trois mois après son entrée en fonctions. © JOE RAEDLE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
  • Copié
T.M. , modifié à
Le premier tour de l'élection législative partielle dans l'État de Géorgie, mardi, fait figure de véritable test pour Donald Trump.

Pour une bonne partie des Américains, c'est la déception. Avec 40% d'opinions favorables, Donald Trump est le président américain le plus impopulaire de l'histoire des sondages en début de mandat. C'est de cette défiance qu'espère bien profiter le parti démocrate. À l'occasion d'une élection législative partielle dans l'État de Géorgie, le camp bleu a en effet l'occasion de s'emparer d'une circonscription aux mains des républicains depuis près de 40 ans.

Trump au centre de l'enjeu. "Allez voter ! Votez pour le parti démocrate ! Il faut stopper Donald Trump". L'injonction, signée du comédien Samuel L. Jackson, suffit à comprendre l'enjeu du scrutin dont le premier tour a lieu mardi, en Géorgie. Officiellement, il s’agit de remplacer le républicain Tom Price, nommé par Donald Trump au ministère de la Santé. Officieusement, il s'agit de s'opposer à la politique menée depuis la Maison-Blanche et, pour les démocrates, d'enfin recommencer à respirer après la cuisante défaite de novembre. 

Un jeune candidat encore inconnu. Leur espoir porte un nom : Jon Ossoff. À tout juste 30 ans, il fait figure de grand inconnu. Sa principale expérience professionnelle est d'ailleurs d'avoir passé quelques années comme collaborateur d'un élu de la Chambre des représentants. Pire, depuis sa naissance à Atlanta, en 1987, jamais un candidat démocrate n’a gagné cette circonscription. C'est même le cas depuis 1978, lorsque le républicain Newt Gingrich, futur président de la Chambre des représentants, avait ravi le siège.

063_669476080

© JOE RAEDLE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Le moment ou jamais ? Et pourtant, Ossoff recueille plus de 40% des intentions de vote, selon les derniers sondages, les 17 autres candidats se partageant le reste. Le jeune trentenaire espère même passer dès le premier tour en atteignant la majorité absolue, soit plus de 50%. En novembre dernier, dans la circonscription, Hillary Clinton n'a perdu que de 1,5 point contre Donald Trump. Jon Ossoff pense pouvoir combler ce faible écart, ce qui serait de bonne augure dans la bataille qui s'annonce pour le contrôle du Congrès avec les élections de mi-mandat en 2018.

Les démocrates jouent gros… donc misent gros. Il faut dire que le parti démocrate et ses sympathisants ont mis les moyens : plus de 8 millions de dollars, là où d'ordinaire, le candidat démocrate ne récolte que quelques dizaines de milliers de dollars. Résultat : cette partielle est la onzième élection plus chère de l'histoire de la Chambre, selon l'organisation spécialisée dans le financement électoral, Center for Responsive Politics, alors que la campagne n'a duré que quatre mois. Preuve de sa symbolique, les dons sont presque entièrement venus de l'extérieur de la Géorgie.

L'issue encore incertaine. Reste que rien n'est encore gagné. Sauf cas de majorité absolue, le second tour aura lieu le 20 juin, quand les républicains, au lieu d'une dizaine de candidats aujourd'hui, seront rassemblés et donc potentiellement plus forts. La semaine dernière, les démocrates espéraient aussi faire basculer un autre siège républicain, dans le Kansas, pour remplacer Mike Pompeo, l'élu nommé à la direction de la CIA. Mais un républicain a gagné, de justesse. "L'élection du Kansas (Congrès) était un grand événement médiatique, jusqu'à ce que les républicains gagnent. Et maintenant ils jouent au même jeu avec la Géorgie-Mauvais !" a d'ailleurs raillé Donald Trump lundi matin sur Twitter, montrant qu'il surveillait le scrutin comme le lait sur le feu.

Puis, quelques heures plus tard, il a ajouté : "le démocrate super progressiste de l'élection parlementaire en Géorgie demain veut protéger les délinquants, autoriser l'immigration clandestine et augmenter les impôts !". Réponse de l'intéressé : "Je suis content que le président s'intéresse à cette élection, mais il est mal informé".

 

Ironie de l'histoire, l'un des démocrates qui occupa le siège de la circonscription des années 1930 à 1960 fut Carl Vinson. C'est lui qui a donné son nom au porte-avions déployé récemment par Donald Trump vers la péninsule coréenne.