Et nos voisins, que pensent-ils de leurs eurodéputés ?

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VU D’AILLEURS - Europe1.fr a posé la question aux correspondants français et étrangers dans plusieurs pays membres de l’Union.

Le 25 mai prochain, 382 millions d'Européens sont appelés aux urnes pour élire leur eurodéputés qui siègeront pendant six ans au Parlement européen de Strasbourg. En France, la campagne a été lancée lundi.

Ailleurs en Europe, l'intérêt pour ce scrutin varie énormément en fonction du pays dans lequel on se trouve. C'est ce qu'expliquent les correspondants européens à Europe1.fr. 

ESPAGNE

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 Henry de Laguérie est le correspondant d’Europe1 à Barcelone.

 

"Ces élections désintéressent complètement les Espagnols"

Les trois infos à retenir selon Henry :

• Les eurodéputés ne sont pas des personnalités politiques de premier rang.

• Ces élections ne passionnent pas les foules en Espagne, on s’attend à une forte abstention.
 
 • Les mesures d’austérité ne donnent pas une bonne image de Bruxelles.

ROUMANIE

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Vasile Damian est le correspondant de RFI Roumanie, à Paris.

 

 "Eurodéputé, c'est une promotion financière"

Les trois infos à retenir selon Vasile :

• Etre élu au Parlement européen c'est avant tout une promotion financière. Le salaire est sept ou huit fois supérieur à celui d'un député national.

• Parmi les 33 eurodéputés européens, il y a certains incompétents qui ont été pistonnés.

• Ils se battent donc pour avoir ces places.

 

BELGIQUE 

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Olivier Le Bussy, est journaliste à La libre Belgique.

 

"Strasbourg n’est sûrement pas un placard !"

Les trois infos à retenir selon Olivier :

• L'Europe n'est pas un placard pour les eurodéputés belges.

• Mais l'Europe reste opaque pour la plupart des Belges.

• On ne connait pas exactement leur mission.

"Strasbourg n’est surement pas un placard !". Pour Olivier Le Bussy, spécialiste des questions européennes à La libre Belgique, "des politiques prestigieux ont choisi le chemin de Strasbourg et de Bruxelles". Contrairement à l'image qu'a le Parlement pour un politique français, pour un Belge, il n'est pas synonyme de mise à l'écart. "Des hommes et des femmes politiques prestigieux ont pris le chemin du parlement européen", précise-t-il.

Pas d’"eurodéputés bashing" donc pour nos voisins du nord ? "Un peu, tout de même", admet le journaliste."Si les Belges s'obligent à se sentir plus européens en raison du rôle de Bruxelles, la plupart ne savent pas exactement à quoi servent ces élus", confie-t-il, ajoutant que "l’Europe, ça reste un peu opaque pour eux". "Mais les Belges s'interdisent de critiquer l'Europe car la Belgique a toujours été le bon élève", conclut-il.

GRANDE-BRETAGNE

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Amandine Alexandre est la correspondante d'Europe 1 à Londres.

"Un homme fait exception : Nigel Farage, buveur de bière et fumeur de cigarettes"

Les trois infos à retenir selon Amandine :

• Les eurodéputés sont absents du paysage médiatique.
• Un homme fait exception : Nigel Farage, buveur de bière et fumeur de cigarettes.
• UKIP, le parti eurosceptique de Nigel Farage, arriverait en tête.

 

PAYS-BAS

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Stefan de Vries, correspondant pour  RTL Nieuws à Paris.

 

"Aux Pays-Bas il n'y a aucune émission radio ou télé sur l'Europe"

Les trois infos à retenir selon Stefan :

• Les Eurodéputés sont inconnus des Néerlandais, on les voit très peu dans les médias.

• Comme en France, ces élections n'intéressent pas vraiment la population.

• Il n'y a aucune place dans les médias pour les débats européens.

ITALIE

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Virginie Riva est la correspondante d'Europe1 à Rome.

"L'Europe est vue comme plus moderne et plus civique"

Les trois infos à retenir selon Virginie :

• Une fort taux de participation est attendu. En 2009, il était de 65%, contre 40,6% pour la France. 

• L'Europe est vue comme plus moderne et plus civique que les institutions nationales italiennes.

• Le 25 mai, les Italiens voteront aussi pour leur maire.

 

ALLEMAGNE

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David Philippot est le correspondant d'Europe 1 à Berlin.

"Il existe tout de même un regain d'intérêt"

Les trois infos à retenir selon David :

• Les députés allemands sont les plus nombreux à occuper des postes-clés du Parlement.

• Etre eurodéputé est un job à part entière. Il y a donc peu de cumulards.

• Mais les eurodéputés souffrent d'un manque de reconnaissance.

En Allemagne, les élections européennes ne passionnent pas les foules, mais il existe tout de même un regain d'intérêt, à quatre semaines du scrutin. Cela est sans doute lié à la personnalisation des débats, à travers des figures de proues connues du grand public. Trois têtes de listes des grands partis sont allemands ou parlent allemand (Ska Keller, co-tête de liste avec José Bové pour les Verts, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker (PPE) ou encore le social-démocrate Martin Schulz).

Il existe aussi une culture du parlementarisme, très importante en Allemagne. D'après une enquête de la fondation Robert-Schuman, les députés allemands sont les plus nombreux à occuper des postes-clés du Parlement. L'Assemblée européenne est davantage perçue ici comme un job à part entière : seuls 22 % des députés allemands cumulent ce mandat avec un autre (40 % pour les Français). Et ils exercent leur responsabilité plus longtemps (2,4 mandats en moyenne contre 1,8 pour les Français).

Cela dit, ici comme ailleurs, les députés européens souffrent d'un manque de visibilité. Un député S&D que le correspondant d'Europe 1a vu la semaine dernière regrettait le peu d'écho donné par les médias au vote sur l'union bancaire. Ce manque de reconnaissance est sans doute lié à la "faible légitimité" des députés : autour de 45 % des électeurs ont voté lors des trois derniers scrutins, les scores les plus faibles des élections allemandes.

POLOGNE 

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Piotr Mozynski, correspondait pour Newsweek Pologne à Paris.

"Ces élus ont une vraie notoriété"

Les trois infos à retenir selon David :

• Les eurodéputés sont très présents dans les médias.

• Ces élus ont une vraie notoriété.

• Ce n’est pas un tremplin, mais c’est une promotion financière.

Les Polonais connaissent bien leurs eurodéputés et les élections européennes sont un rendez-vous important. "Pawel Zalewski, Pawel Kowal ou encore Jacek Kurski, sont des noms que chaque Polonais connait. Les Eurodéputés n’ont pas d’autres mandats en Pologne, ils se consacrent pleinement à leur travail au Parlement à Strasbourg", explique-t-il à Europe1.fr. "D’ailleurs, les eurodéputés sont très présents dans les médias. Ils sont très souvent invités à la télévision ou à la radio pour débattre de problématiques nationales. Ces élus ont une vraie notoriété", ajoute le journaliste. Contrairement à certains élus français, "pour un eurodéputé polonais, se retrouver à Strasbourg, ce n’est pas le placard", observe le spécialiste, tout en précisant que "ce n’est pas non plus un tremplin, mais c’est en tout cas une promotion financière".