Espagne : Cristina fait ses courses avec l'argent public

Le duc et la duchesse de Palma de Majorque auraient financé, avec de l'argent public détourné une quantité importante de dépenses personnelles.
Le duc et la duchesse de Palma de Majorque auraient financé, avec de l'argent public détourné une quantité importante de dépenses personnelles. © Reuters
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Charles Carrasco , modifié à
La fille du roi et son époux auraient facturé, via une société écran, de nombreuses dépenses personnelles.

L’INFO. Les déboires de l’infante Cristina font grincer des dents de l’autre côté des Pyrénées. Signe que la cote d’amour de la famille royale n’est pas au beau fixe, la fille cadette du roi Juan Carlos et son époux Inaki Urdangarin, impliqués dans une affaire de fraude fiscale, n’ont d’ailleurs pas participé le week-end dernier aux cérémonies officielles de la fête nationale. Et pour cause, les révélations sur l’ampleur de cette affaire d'argent sale inondent chaque jour la presse. Dernière en date : le duc et la duchesse de Palma de Majorque auraient financé, avec de l'argent public détourné une quantité importante de dépenses personnelles : des produits d’épicerie fine, des livres, des fleurs, des vêtements pour enfants, liste El Pais. 

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Ce qu'on reproche à l'infante et à son mari ? L'instruction menée par le juge Castro porte sur le détournement de six millions d'euros d'argent public, pour lequel Iñaki Urdangarin ainsi que son ex-associé, Diego Torres, sont mis en examen. Le gendre du roi, un ancien champion olympique de handball reconverti en homme d'affaires, présidait entre 2004 et 2006 l'institut Noos, une société à but non lucratif qui passait des contrats avec les autorités régionales des Baléares et de Valence pour l'organisation ou la promotion de congrès liés au sport, et par laquelle auraient transité les sommes détournées.

L’infante était elle aussi membre du comité de direction de Noos jusqu’en 2006. Les contrats passés avec les autorités régionales auraient donné lieu à l'émission de fausses factures reversées à des sociétés-écran, dont la société Aizoon, propriété d'Iñaki Urdangarin et de l'infante Cristina à parts égales. C’est comme ça que la fille cadette du roi s’est retrouvée sous le feu de la justice espagnole qui, depuis, enquête sur tous ses biens mobiliers, immobiliers, ainsi que sur ses déclarations d’impôt des dix dernières années. Objectif : tenter de déterminer à quoi a servi l'argent de la corruption. Et selon les premiers éléments de l’enquête, le duc et la duchesse de Palma ont bien profité de cette société pour effectuer des achats personnels.

>>> Europe1.fr vous liste les dernières révélations en la matière.

• En août 2008, la société Aizoon a ainsi réglé un voyage ainsi qu'un safari en Afrique avec, lors de cette virée, une nuit d'hôtel en Afrique du sud. Sur la facture, figure le nom de "Pep Figueras" qui, selon les enquêteurs, n'est qu'un pseudonyme. Les deux époux sont également allés jusqu'au Mozambique où ils ont pris quelques jours de repos. Le juge en charge du dossier estime que ce séjour a bien été facturé par la fille du roi. Il se base sur un transfert d'argent suspect de la société Aizoon d'environ 150.000 euros sur un compte auquel l'infante a accès.

• L'assistante d'Iñaki Urdangarin a également réservé via Aizoon des nuits d'hôtel à Rome d'une valeur de 5.160 euros en septembre 2008. Le séjour, avec repas et la visite d'un domaine viticole, aurait coûté près de 1.573 euros.  Parmi leurs autres dépenses : des vêtements de sport achetés par téléphone à New York (156 euros), des caisses de vin (1.357 euros), des produits fins comme des pilons de caille ou de la morue (204 euros) ou bien encore la série de livres d'Harry Potter…

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• Le quotidien El Pais racontait il y a quelques jours comment l'infante a fait usage de la carte Visa gold d'Aizoon pour ses dépenses au Centre européen de Barcelone, une entité culturelle et éducative fondée en 1977 et qui organise des excursions. Cinq paiements auraient été effectués entre 2007 et 2008 pour un total de 1.492 euros. L'usage le plus fréquent de cette carte bancaire était pour payer des repas, notamment à l'Escarabat Negre, à Soller, près de Majorque. Enfin, sur les relevés de compte, la justice a retrouvé plusieurs traces de paiements chez des fleuristes (dont l'un d'environ 300 euros) ainsi que pour des vêtements pour enfants.

• Dans son arrêt, le juge s'était enfin déjà interrogé si l'infante avait pu faire usage de fonds détournés via cette société, à des fins personnelles et notamment "pour la rénovation de son domicile", l'hôtel particulier de Pedralbes que le couple avait acheté à Barcelone en 2004. Depuis l'été 2013, l'infante est partie vivre à Genève, en Suisse. Officiellement pour des raisons professionnelles puisqu'elle est directrice internationale de la fondation La Caixa, organisme qui gère les œuvres sociales de la banque espagnole CaixaBank. Un bon moyen aussi pour elle d'échapper à la pression médiatique.