Erdogan récupère la majorité absolue au Parlement turc

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C.C avec AFP , modifié à
Déjouant tous les pronostics, le président islamo-conservateur Erdogan a réussi son pari de reprendre la majorité absolue qu'il avait perdue il y a cinq mois au Parlement turc. 

Le parti du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a remporté haut-la-main les élections législatives de dimanche en Turquie et réussi, contre tous les pronostics, son pari de reprendre la majorité absolue qu'il avait perdue il y a cinq mois.

Erdogan rafle 316 des 550 sièges du Parlement. Sur la base de la quasi-totalité des bulletins dépouillés, le Parti de la justice et du développement (AKP) a recueilli 49,4% des suffrages et raflé 316 des 550 sièges de députés, ont annoncé les chaînes NTV et CNN-Türk. Ce résultat sonne comme une revanche éclatante pour M. Erdogan, 61 ans. Le 7 juin, son parti avait perdu le contrôle total qu'il exerçait depuis treize ans sur le Parlement et remisé son rêve d'instaurer une "superprésidence" à sa main dans le pays. "Aujourd'hui est un jour de victoire", s'est réjoui le Premier ministre sortant et chef de l'AKP, Ahmet Davutoglu, dans son fief de Konya (centre). "Aujourd'hui il n'y a pas de perdants mais que des gagnants", a-t-il toutefois ajouté en tendant la main à ses rivaux. Le 7 juin, son parti avait perdu le contrôle total qu'il exerçait depuis treize ans sur le Parlement et remisé son rêve d'instaurer une "superprésidence" à sa main dans le pays.

Le parti prokurde reste de justesse au Parlement. Autre surprise de la soirée, le Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde), qui avait fait son entrée triomphale au Parlement en juin dernier, n'y a sauvé sa place que d'extrême justesse. Avec un score de 10,7% au niveau national, il a tout juste franchi le seuil nécessaire pour être représenté sur les bancs. Cette incertitude a provoqué de brefs affrontements en soirée entre forces de l'ordre et jeunes militants kurdes à Diyarbakir, la grande ville du sud-est à majorité kurde de la Turquie. Dans un climat de tensions marqué par la reprise du conflit kurde et la menace jihadiste venue de Syrie, Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre Ahmet Davutoglu se sont posés en seuls garants de l'unité et de la sécurité du pays sur le thème "l'AKP ou le chaos". En juillet, le conflit armé qui oppose depuis 1984 les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) aux forces de sécurité turques a repris dans le sud-est à majorité kurde du pays, et enterré le fragile processus de paix engagé il y a trois ans.

La population a peur de la violence djihadiste. "Je suis complètement effondré mais ces résultats signifient que le peuple s'accommode très bien de la situation actuelle", a réagi Sevim, un étudiant en droit de l'université d'Istanbul. "Le peuple a le gouvernement qu'il mérite". L'attaque suicide perpétrée il y a trois semaines à Ankara par deux kamikazes proches du groupe Etat islamique (EI), qui a fait 102 morts, a en outre ravivé dans le pays la peur de la violence djihadiste venue de Syrie. Cette dégradation de la situation sécuritaire inquiète de plus en plus les alliés occidentaux d'Ankara, à commencer par l'Union européenne (UE), confrontée à un flux croissant de réfugiés, pour l'essentiel syriens, en provenance de la Turquie. Face au discours du pouvoir, les rivaux de Recep Tayyip Erdogan avaient appelé les électeurs à sanctionner sa dérive autoritaire, illustrée cette semaine encore par un raid spectaculaire de la police contre le siège de deux chaînes de télévision proches de l'opposition.

Si Recep Tayyip Erdogan semble avoir réussi son pari de reprendre la majorité absolue au Parlement turc, de nombreux heurts ont émaillé l'annonce de ces résultats