Douma Syrie 1280
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M.B. et G.D. avec AFP , modifié à
Le régime de Bachar al-Assad soupçonne Israël d'avoir pris pour cible une base militaire syrienne lundi matin. Des frappes qui interviennent deux jours après une attaque chimique présumée près de Damas.

Une énième escalade est-elle à craindre au Proche-Orient ? Lundi matin, l'agence officielle syrienne a fait état de frappes aériennes contre un aéroport militaire syrien, situé près de Homs. Ayant d'abord accusé les Etats-Unis, les médias proches du régime de Bachar al-Assad soupçonnent désormais Israël d'avoir commandité ces frappes. Qui pourraient être liées à une attaque chimique présumée, lancée par le régime syrien à Douma, près de Damas, samedi.

Que s'est-il passé lundi matin sur la base T-4 ?

L'agence officielle syrienne SANA a affirmé lundi que "plusieurs missiles ont frappé l'aéroport de Tayfur", également appelée Tiyas, ou T-4. Cette base est située entre les villes de Homs et Palmyre, dans le centre du pays. Elle a subi de violentes explosions avant que la défense antiaérienne entre en action et abatte huit missiles, selon la télévision syrienne. Et Sana d'ajouter que l'attaque a fait "des morts et des blessés".

Qui est responsable de ces frappes ?

Dans un premier temps, SANA a assuré qu'il s'agissait d'une "attaque américaine", avant de retirer toute référence aux États-Unis. Washington a d'ailleurs immédiatement démenti, le Pentagone assurant qu'"en ce moment, le département de la Défense ne mène pas des frappes aériennes en Syrie". Désormais, les médias officiels syriens parlent d'une "agression israélienne". Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a refusé de faire le moindre commentaire.

L'hypothèse israélienne est soulevée car le pays cumule les ennemis dans la région de la base T-4 : le régime syrien, avec lequel l'État hébreu est officiellement en guerre, l'Iran et le Hezbollah libanais pro-iranien. En outre, Israël connaît bien la base militaire T-4. Ce n'est pas la première fois qu'elle la bombarde. En février dernier, des raids aériens d'envergure avaient été menées, en riposte à l'intrusion d'un drone iranien sur 30 kilomètres en territoire israélien. À l'époque, Israël avait identifié le point de départ du drone comme la base T-4. Selon des sources diplomatiques, en effet, cette base est bien tenue par des unités d'élite iraniennes et accueille également des forces russes et du Hezbollah.

Quel est le lien avec l'attaque chimique présumée de samedi ?

Si SANA a, dans un premier temps, soupçonné les États-Unis d'être à l'origine de cette frappe aérienne, c'est parce que Washington a vivement réagi ce week-end à l'emploi présumé d'armes chimiques par le régime syrien à Douma, près de Damas.  Cette attaque aux gaz toxiques, dénoncée vidéo à l'appui par les Casques Blancs et l'ONG médicale Syrian American Medical Society, mais non confirmée par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), aurait fait 48 morts et plus de 500 blessés.

Immédiatement après, Donald Trump et Emmanuel Macron se sont entretenus par téléphone et ont, selon l'Élysée, "fermement condamné les attaques chimiques le 7 avril contre la population de Douma, dans la Ghouta orientale". Les deux présidents ont en effet disposé d'"informations" et d'"analyses confirmant l'utilisation d'armes chimiques", a précisé la présidence française. De son côté, le régime syrien, lui, a nié toute attaque chimique dans cette ultime poche rebelle de la Ghouta orientale. Il a été défendu par la Russie et l'Iran, ses deux indéfectibles alliés.

De futures actions militaires sont-elles à craindre ?

Paris a toujours expliqué que l'emploi d'armes chimiques était une "ligne rouge" qui pouvait déclencher des représailles. Du côté de Washington, on n'exclut pas non plus une réponse militaire. Sur Twitter, Donald Trump a averti le régime syrien et ses alliés qu'ils pourraient "payer le prix fort". Avec Emmanuel Macron, il s'est prononcé pour "une réponse forte et commune" aux attaques chimiques de samedi.

La nature de cette réponse devrait être au cœur d'une réunion d'urgence demandée lundi après-midi par neuf pays membres du Conseil de sécurité de l'urgence.