En Europe, "régression continue" des droits après les attentats

Amnesty international dénonce mardi le "changement radical" instauré par 14 États membres de l'UE suite aux attentats de l'année 2015. Image d'illustration.
Amnesty international dénonce mardi le "changement radical" instauré par 14 États membres de l'UE suite aux attentats de l'année 2015. Image d'illustration. © OZAN KOSE / AFP
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avec AFP , modifié à
Dans un rapport publié mardi, Amnesty international pointe notamment du doigt la France où l'état d'urgence, selon elle, provoque des dérives. 

Mesures d'exception, pouvoirs accrus de l'exécutif… Les politiques instaurées en Europe depuis les attentats de 2015 ont conduit à une "régression continue" des droits, au nom de la lutte antiterroriste, dénonce l'ONG Amnesty international dans un rapport paru mardi.

"Changement radical" dans 14 États. Du fait du principe de "sécurisation", "la peur, l'aliénation et les préjugés rognent progressivement les pierres angulaires de l'Union européenne que sont la justice, l'égalité et la non-discrimination", observe cette étude, qui dénonce le "changement radical" vécu par quatorze États membres. 

Lois votées "à la hâte" et pénalisation grandissante. Et Amnesty de lister les mesures prises dans ce cadre : adoption de lois "à la hâte", avec "très peu" de consultation, "consolidation du pouvoir dans les mains de l'exécutif" ou des services de sécurité, aux dépens du système judiciaire, "exigences en matière de preuves revues à la baisse", ou invocation de "preuves secrètes" contre des suspects, qui ne leur sont pas divulguées, ni à leurs avocats, utilisation de mesures de "contrôle administratif" pour restreindre la liberté de circulation et d'association de certains individus, "pénalisation de nombreuses formes d'expression qui sont loin de constituer une incitation à la violence", etc.

En France, pays régulièrement cité dans le rapport, notamment en raison de l'état d'urgence qui a été instauré après les attentats du 13 novembre 2015 et renouvelé depuis, "des centaines de personnes", dont certaines mineures, ont été poursuivies pour "apologie du terrorisme", souvent pour des commentaires sur Facebook. En Espagne, des lois sur la "glorification du terrorisme" ont "ciblé des artistes et musiciens", poursuit le rapport.

Discriminations envers les étrangers et les musulmans. Certaines populations, en particulier "les musulmans, les étrangers, ou les personnes considérées comme musulmanes ou étrangères", ont été discriminées "de manière disproportionnée et extrêmement néfaste" du fait de ces mesures, relève l'ONG. Alors qu'"injures" et "agressions" se sont multipliées, des passagers ont été contraints de descendre d'avion au prétexte qu'ils "ressemblaient à des terroristes", des femmes se sont vues interdire le port du maillot de bain intégral sur la plage en France, des enfants réfugiés ont été arrêtés pour avoir joué avec des pistolets en plastique en Grèce, énumère-t-elle.