Elle demande à sa mère de tweeter sa mort

Capture d'écran du compte Twitter de Maria.
Capture d'écran du compte Twitter de Maria. © Twitter
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Gravement malade, une jeune Espagnole souhaitait que les internautes soient avertis de sa mort.

"Je suis Mme Riera, la mère de Maria. Fidèle à sa volonté, je me dois de faire la chose la plus difficile au monde : vous dire qu'elle est morte la nuit dernière". Ce message, publié sur Twitter le 4 novembre, constitue une première dans l'histoire du réseau, rapporte El Mundo.

Maria, jeune Majorquine décédée le 3 novembre des suites d'une longue maladie, a demandé à sa mère d'informer toutes ses connaissances de son décès, par le biais de son compte Twitter.

La mort de Maria en trending topics

Une dernière volonté qu'a accompli méticuleusement la mère de Maria. Le soir de l'annonce, son message a déclenché une avalanche de tweets de condoléances. La mort de Maria figurait même parmi les trending topics espagnols, c'est-à-dire les sujets les plus abordés sur le réseau social dans le pays. Depuis, les commentaires de soutien affluent, faisant du compte de la défunte, ce que certains ont surnommé, "le premier site de condoléances", à l'instar de Facebook, véritable pierre tombale virtuelle.

Et l'engouement ne désemplit pas. Près d'une semaine après l'annonce du décès, la mère de Maria continue à recevoir des messages de soutien auxquels elle répond consciencieusement. "Tout cela est pour réaliser le souhait de Maria", a-t-elle expliqué sur le réseau social. "Merci beaucoup au nom de toute la famille", a-t-elle répondu mardi à un internaute. La mère de famille répond en moyenne à une dizaine de personnes par heure.

"Twitter continue d'unir les gens qu'elle appréciait"

Les multiples condoléances adressées via Twitter à la famille de Maria constituent de véritables béquilles conduisant les parents vers l'acceptation de la mort de leur enfant. "Cela peut vraiment les rassurer sur le fait que l’on oublie pas leur enfant. [...] En fait, l’effet est exactement le même que lorsque les parents se rendent au cimetière et découvrent sur la tombe des fleurs ou des mots d’amis: cela fait du bien de ne pas se sentir seul à porter la mémoire d’un enfant disparu", analyse le Docteur Christophe Fauré, psychiatre spécialisé dans l’accompagnement des personnes en fin de vie et de leurs proches, interrogé par Slate.fr l'an passé.

Une analyse confirmée par un message publié mardi soir par la mère de Maria : "Maria doit être très heureuse de voir comment Twitter continue d'unir les gens qu'elle appréciait".

Un hommage post-mortem

Mais Twitter a également permis aux internautes de découvrir la personnalité et la vie de Maria. "Maria travaillait à Berlin où elle vivait. Elle avait 30 ans, était pleine de vitalité, intelligente et très affectueuse. Je suis si fière d'elle", a raconté la mère de Maria. Cette dernière n'hésite pas à publier des chansons que la jeune femme écrivait. "Tous ceux qui connaissaient Maria savent que la musique était une part essentielle de sa vie", a-t-elle raconté.

Par l'intermédiaire de Twitter, la mère de Maria rend un hommage post-mortem à sa fille qu'elle rend, d'une certaine manière, immortelle. Twitter apparaît donc comme un outil permettant de conserver un lien virtuel avec la personne défunte. Une posture à double tranchant, qui peut freiner le processus de deuil, ou, au contraire, permettre aux proches d'accepter la mort de la personne perdue.