Élections au Liban : faible mobilisation, les partis au pouvoir devraient conserver leur monopole

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Seuls 49,2% des électeurs libanais se sont déplacés pour voter dimanche. © ANWAR AMRO / AFP
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avec AFP , modifié à
Alors que les résultats définitifs ne sont pas encore connus, la constitution du Parlement libanais ne devrait pas beaucoup changer après des élections législatives qui n'ont mobilisé que 49,2% des électeurs.

Le Liban a tenu dimanche ses premières élections législatives en près d'une décennie, un scrutin qui a peu mobilisé et ne devrait pas bouleverser la répartition du pouvoir entre les principaux partis en place.

Un taux de participation en baisse. Les bureaux de vote ont fermé à 19 heures (18 heures à Paris) et sur les 3,7 millions d'électeurs, seuls 49,2% ont déposé leur bulletin dans l'urne, contre 54% en 2009, a indiqué dans la soirée le ministre de l'Intérieur, Nohad Machnouk.

Cette faible mobilisation a été enregistrée alors qu'une nouvelle loi électorale, basée sur la proportionnelle, a été adoptée l'an dernier et que près de 800.000 nouveaux électeurs étaient éligibles au vote. "Cette loi devait générer un taux de participation plus élevé qu'en 2009", a regretté Nohad Machnouk. Mais "ni les électeurs ni les responsables de bureaux de vote ne sont encore familiers avec cette nouvelle loi, ce qui a largement ralenti le processus de vote", a-t-il ajouté.

Des électeurs désenchantés. Avec une classe politique accusée de corruption et de népotisme, incapable de relancer une économie brinquebalante, une grande partie des 3,7 millions d'électeurs est touchée par le désenchantement. Les dernières législatives au Liban remontent à 2009. Le Parlement a ensuite prorogé à trois reprises son mandat, invoquant notamment des risques pour la sécurité du pays liés au débordement de la guerre en Syrie, qui a fait rage depuis 2011.

Pas de bouleversement des forces. Les opérations de dépouillement des voix ont commencé en début de soirée mais les résultats finaux ne devraient pas être connus avant lundi. De l'avis des experts, l'issue du scrutin ne réserve aucune surprise, et le Parlement (128 députés) devrait être dominé par les partis traditionnels, notamment le puissant Hezbollah chiite, un allié de la Syrie et de l'Iran. 

Quant au Premier ministre sunnite Saad Hariri, soutenu par l'Arabie saoudite, son parti politique "pourrait perdre quelques sièges mais sa reconduction au poste de chef de gouvernement n'est pas menacée", estime le politologue Karim el-Mufti. Enfin la société civile, représentée notamment par la coalition Koullouna Watani, "devrait remporter deux sièges dans la capitale", assure Wadih el-Asmar, l'un des coordinateurs de la coalition - une première dans l'histoire du pays.

Un Parlement toujours dominé par le Hezbollah. Indépendamment de l'issue du scrutin, le Hezbollah, seule formation à ne pas avoir abandonné les armes après la guerre civile (1975-1990), devrait continuer à dominer la scène politique. Quelque 597 candidats répartis en 77 listes étaient en lice, pour des législatives organisées pour la première fois selon un mode de scrutin proportionnel. Mais la répartition des sièges est aussi régie par un subtil partage confessionnel, entre les différentes communautés religieuses, et respecte une parité islamo-chrétienne.

Quelques irrégularités signalées. Sur le terrain, plusieurs irrégularités et infractions ont toutefois été relevées par l'Association libanaise pour des élections démocratiques (LADE). Elle évoque notamment l'usage de couteaux et de bâtons dans une violente bagarre à Zahlé (est), et le passage à tabac d'une candidate, dans un bureau de vote situé dans une localité du sud, par des partisans du Hezbollah. L'association a également déploré l'autorisation de vote dans certains bureaux au-delà de 19 heures, soulignant qu'il s'agit d'une "infraction a la loi"..