Election en Espagne : Podemos en embuscade

© GOGO LOBATO / AFP
  • Copié
Noémi Marois avec AFP , modifié à
L'AUTRE ELECTION - Alors qu'en fin d'année auront lieu des élections législatives en Espagne, le parti d'extrême-gauche, Podemos, va tenter de marquer le coup ce dimanche lors d'élections régionales anticipées en Andalousie.

Une élection régionale anticipée ne passionnent pas forcément les foules. Ce n'est pas le cas de celle ayant lieu dimanche en Andalousie. En effet, alors que 2015 se profile comme une année électorale décisive pour l'Espagne, le parti d'extrême-gauche Podemos, proche du parti Syriza au pouvoir en Grèce, va essayer de transformer l'essai en récoltant un maximum de suffrages. Mais les 6,5 millions d'Andalous, particulièrement marqués par la crise économique, peuvent aussi opter pour des partis plus classiques comme le PSOE (socialistes) ou le PP (parti Populaire, de droite), actuellement au pouvoir en Espagne. L'enjeu de cette élection, de taille, a même poussé le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a faire le déplacement sur place vendredi lors de la clôture de la campagne.

À chacun son changement. Podemos pourrait sortir son aiguille du jeu lors de ces élections anticipées, fruit d'une discorde entre le PSOE et le parti écolo-communiste. Après six années de naufrage économique, les Andalous pourraient en effet être séduits par le discours anti-austérité de ce parti situé très à gauche de l'échiquier.

Toutes les formations en lice ont cependant eu le même mot à la bouche pendant la campagne : "changement". Avec des variantes cependant. "Le changement sûr", pour le PSOE qui invite les électeurs à ne pas se lancer dans des "expérimentations". Le PP propose plutôt le "changement tranquille" en insistant sur la reprise de la croissance (+1,4%) tandis que Podemos opte pour le "changement irréversible" de Podemos.

"Cela va servir de test". "Tout le monde attend de voir si les forces émergentes vont obtenir un très bon résultat", déclarait samedi un membre haut placé du PP. "Cela va servir de test", ajoutait-il en évoquant les scrutins à venir. L'Espagne va en effet connaître des élections régionales et municipales en mai, une nouvelle régionale anticipée en Catalogne en septembre et enfin des législatives, à la fin de l'année. Lors de ce dernier scrutin, les conservateurs du PP risquent de perdre sa majorité.

Mais en Andalousie, si Podemos réussit un coup d'éclat, ce sont les socialistes qui ont le plus à perdre puisqu'ils dirigent la région depuis 30 ans, résume le membre du PP.

Le record européen du chômage. La crise a particulièrement frappé l'Andalousie en dévastant le secteur de la construction après l'éclatement en 2008 de la bulle immobilière. Le secteur agricole qui représente 500.000 emplois n'a pas pu compenser. Plus d'1,3 million de personnes sont sans emploi, soit 34,2%, un record européen au niveau régional. Des dizaines de milliers d'entre elles ont repris le chemin de l'émigration, comme dans l'Espagne pauvre des années 1960. 

Malgré la concurrence de l'extrême-gauche, le PSOE conserverait le pouvoir suite à cette élection, selon une enquête publiée le 14 mars par le journal El Pais. Podemos, pour sa part, arriverait en troisième position, derrière le PP alors qu'il arrive deuxième, voir premier lors de sondages à échelle nationale.

>> LIRE AUSSI - Après Syriza, la vague Podemos ?

>> LIRE AUSSI - 100.000 Espagnols dans la rue derrière Podemos, allié de Syriza

>> LIRE AUSSI - Irlande : AAA, ce parti anti-austérité sur les traces de Syriza

>> LIRE AUSSI - Grèce : y a-t-il vraiment une alternative à l'austérité ?