Égypte : Morsi prévenu, "on ne part pas"

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A-J. C. et Sébastien Krebs, envoyé spécial d'Europe 1 au Caire , modifié à
REPORTAGE - Place Tahrir, les manifestants ont du mal à digérer le discours du président.

A quelques heures de l’échéance, il a réaffirmé sa "légitimité". Le président égyptien Mohamed Morsi s’est exprimé à la télévision mardi soir, se disant prêt à "donner sa vie" et appelant l’armée à retirer l’ultimatum qui expire mercredi après-midi. Dans la nuit, le pays a connu une nouvelle flambée de violence, notamment aux abords de l’université du Caire, où seize personnes sont mortes lors de l’attaque d’un rassemblement pro-Morsi.

>> L’envoyé spécial d’Europe 1 a recueilli les réactions des manifestants place Tahrir, au Caire.

On le disait acculé, menacé par l’armée, mais c’est un président confiant et ferme qui est apparu à la télévision. Non, il n’a pas prévu de démissionner, et il le dit l’index levé vers la caméra. L’argumentaire n’a pas changé : Mohamed Morsi rappelle qu’il est le premier président civil élu lors d’élections démocratiques, le seul légitime. "Le peuple m’a confié un mandat, dit-il, je n’ai pas d’autre choix que de poursuivre cette tâche et de préserver la constitution". Et le voilà qui accuse ceux qui exploitent la colère de la jeunesse, qui provoquent la violence et le chaos, ceux qui veulent lui voler la révolution.

"Les gens vont devenir fous". Place Tahrir, cela ne passe pas. Le discours est accueilli par des "Va-t’en !", "dégage !". Ahmed et Rani ont même du mal à croire en ce qu’ils viennent entendre. "Ce qu’il dit,  c’est n’importe quoi", dénoncent-ils, craignant encore plus de violences : "tous ces gens dans la rue, ils vont devenir fous. Et Morsi sera responsable des morts et des violences. On est tous Égyptiens mais il est en train de nous diviser". Et les manifestants de prévenir : "il veut rester ? Hé bien nous on reste aussi, on ne part pas".

Tous les regards sont maintenant tournés vers l’armée, pilier du régime d’Hosni Moubarak, convertie au printemps arabe sur le tard. A 17 heures, son ultimatum expire. En cas de blocage, les militaires envisagent de suspendre la Constitution, dissoudre le Parlement et de confier les rênes du pouvoir à un gouvernement de transition en attendant de nouvelles élections.

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