Egypte : le gouvernement démissionne et ouvre la voie à Sissi

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avec Reuters , modifié à
INSTABILITÉ - En Egypte, le gouvernement a démissionné, laissant le champ quasi-libre au maréchal al-Sissi pour la présidentielle.

L'INFO. Le gouvernement égyptien soutenu par l'armée a démissionné, annonce lundi le quotidien officiel Al Ahram sur son site internet. L'information a ensuite été confirmée de source officielle.La décision a été prise à l'issue d'un conseil des ministres de 15 minutes, précise le journal, citant une source non identifiée. Le maréchal Abdel Fattah al Sissi, numéro un de l'armée qui va probablement briguer la présidence, y assistait en tant que ministre de la Défense, ajoute-t-il.

Bon bilan. "Aujourd'hui, le cabinet a pris la décision de présenter sa démission au président de la République", a confirmé le Premier ministre Hazem el-Beblaoui lors d'une allocution télévisée sans avancer de raison. Il avait été nommé à la tête du gouvernement après l'éviction du président Mohamed Morsi, déposé le 3 juillet par l'armée. Depuis l'arrivée au pouvoir de ce nouveau gouvernement, l'Egypte subit une vague de terrorisme. Le Premier ministre a loué le travail de son cabinet, malgré la situation "sécuritaire" et les difficultés "économiques" que traverse le plus peuplé des pays arabes. "Le gouvernement a assumé pendant les six ou sept derniers mois sa responsabilité et son devoir", a souligné Hazem el-Beblaoui, et "n'a pas épargné ses efforts pour sortir l'Egypte de la mauvaise passe où elle se trouvait".

Le porte-parole du gouvernement, dirigé de facto par l'armée, Hani Salah, a affirmé que cette démission avait été motivée par le "sentiment qu'il fallait du sang neuf" au sein du gouvernement. "L'Egypte va de l'avant, cette décision n'aura pas d'impact sur les relations extérieures et sur la stabilité en interne", a-t-il promis.

Al-Sissi candidat ? "Ce n'est pas le moment des intérêts personnels, la nation est au-dessus de tous", a poursuivi le Premier ministre égyptien, se félicitant de son bilan. En janvier, un référendum avait permis l'adoption de la Constitution, première étape de la "transition démocratique" promise par l'armée. Avec un pourcentage de "oui" supérieur à 98%, ce scrutin a été boudé par la jeunesse mais a malgré cela mobilisé près de 39% des électeurs.

Depuis l'arrestation de Mohammed Morsi le 3 juillet 2013, les Frères musulmans font face à une répression violente. L'artisan de la chute de l'ancien président, le puissant ministre de la Défense et vice-Premier ministre, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, ne cache plus son intention de briguer la présidence.

Nommé au plus haut grade de l'armée et mandaté par l'institution militaire pour répondre à "l'appel du peuple" en se présentant à la magistrature suprême, il devait également démissionner du gouvernement pour annoncer sa candidature. Il ne lui reste plus désormais qu'à quitter l'armée ou à prendre sa retraite de militaire pour remplir toutes les conditions pour être éligible. L'élection doit se tenir au printemps. Le maréchal Sissi, de loin la personnalité la plus populaire du pays, semble en bonne position pour l'emporter.