ÉDITO - Passe d'armes entre Donald Trump et la Cour suprême : l'honneur du magistrat, c'est son ingratitude

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Vincent Hervouet
Donald Trump a dénoncé mercredi l'existence d'une justice politisée aux États-Unis, engageant une polémique extraordinaire avec le président de la Cour suprême, John Roberts. Vincent Hervouet, l'éditorialiste international d'Europe 1, s'est penché sur cette nouvelle polémique.

Donald Trump ose tout. C'est à cela qu'on le reconnaît. Depuis lundi, il est furieux contre un juge fédéral qui a bloqué son décret limitant le droit d'asile. L'administration veut en priver ceux qui forcent la frontière. Ce qui était bon quand les naufragés Cubains s'échouaient sur les plages de Floride ne l'est plus quand l'État doit répondre au défi d'une caravane de milliers de migrants remontant d'Amérique centrale dans un grand tintamarre médiatique. Le juge a dit non. On ne touche à rien.

Une fois de plus, Donald Trump a perdu devant cette cour fédérale qui couvre l'ouest américain. Fureur du Donald qui dénonce "un juge d'Obama".

Une équité à ne pas mettre en doute. Or, pour la première fois, le président de la Cour suprême a réagi. On peut y voir une leçon d'instruction civique sur l'indépendance de la magistrature ou une manifestation de corporatisme politiquement correct. L'intéressé a déclaré : "Nous n'avons pas de juges d'Obama ou de juges de Trump, de juges de Bush ou de juges de Clinton. Mais un groupe extraordinaire de juges dévoués qui font de leur mieux pour faire preuve d'équité." Fermez le ban.

Entendu sur europe1 :
Les juges ne sont pas les otages d'un camp comme les politiciens le sont de leurs électeurs

Un nouveau tweet rageur de Donald trump. Aux États-Unis, un juge à la Cour suprême trône sur la colline du Capitole comme sur l'Olympe : élu à vie, intouchable, respecté. Le président de la Cour suprême, lui, est l'élu des élus. Ses avis sont des sourates. On imagine la stupéfaction du très honorable John Roberts quand il a pris un tweet, en retour de volée : "Désolé juge en chef, mais il y a des juges d'Obama et leur point de vue n'est pas celui des gens chargés de la sécurité de notre pays."

Pas d'opposition systémique. Ce juge en chef n'est même pas démocrate, puisqu'il a été nommé par George Bush junior. Mais son vote a sauvé l'Obamacare en 2012 et Trump l'avait critiqué. Cela montre que les juges ne sont pas les otages d'un camp comme les politiciens le sont de leurs électeurs. L'honneur du magistrat, c'est son ingratitude.

Voilà de quoi rassurer les démocrates qui s'affolent que Donald Trump ait déjà nommé deux juges de la Cour suprême et que les deux vétérans du collège soient deux progressistes octogénaires, tentés par la retraite…