Ebola: "l’épidémie de peur tue aussi"

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Jérémy Maccaud avec Thomas Sotto , modifié à
VIDEO – Pour le directeur des opérations chez Médecins Sans Frontières, Brice de la Vingne, si la situation est très grave en Afrique de l’Ouest, "des choses peuvent être faites".

Il a passé 10 jours au cœur de la lutte contre le virus Ebola. Brice de la Vingne, directeur des opérations de Médecins Sans Frontières (MSF), était l’invité d’Europe 1, mardi. "Oui, la situation est très grave", ne cache pas le responsable de l’ONG. "C’est sans précédent, on n’a jamais eu une épidémie de ce virus aussi importante", rappelle-t-il. Sans, pour autant, se montrer alarmiste.

Alors que le virus est désormais présent dans cinq pays d’Afrique de l’Ouest avec des premiers cas recensés le week-end dernier en République démocratique du Congo, Brice de la Vingne s’est particulièrement attardé sur le cas du Liberia. "C’est dramatique. Un centre de traitement et d’isolation a été ouvert dans la capitale, Monrovia, et nous avons déjà 120 malades en une semaine", déplore-t-il.

Aucun moyen pour se soigner. Ce qui toutefois inquiète le plus ce spécialiste, c’est l’arrêt total des systèmes de santé, notamment au Liberia. "Dans une ville comme Monrovia, aussi grande, (plus de un million d’habitants, Ndlr) il n’y a plus un seul hôpital, plus un seul centre de santé ouvert. Tout est fermé. Si vous avez une jambe cassée ou si vous êtes une femme enceinte, vous ne trouverez pas d’endroit où vous faire soigner ou accoucher", alerte Brice de la Vingne.

Pourquoi? Car "ces hôpitaux ont amplifié l’épidémie", explique le directeur des opérations de MSF. "Le personnel de santé est en première ligne dans cette épidémie. Plus de 35 médecins et infirmiers sont morts au Liberia. Ils ont très peur de venir travailler." De son côté, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a dénombré, lundi, jusqu'à 120 morts chez les travailleurs de la santé, sur 240 à avoir contracté la maladie.

Ebola: "il y a une épidémie de peur, qui tue...par Europe1fr

Une psychose. La peur, justement, rend la lutte contre la fièvre hémorragique encore plus compliquée. "En plus de l’épidémie d’Ebola, il y a une épidémie de peur qui existe, et qui tue aussi", analyse Brice de la Vingne, qui se veut toutefois positif. "Il y a tout à fait moyen de répondre à ça", juge-t-il. "C’est comme pour un tremblement terre, il faut qu’il y ait un déploiement de certains acteurs pour endiguer cette épidémie."