Ebola : aux Etats-Unis, la prévention laisse à désirer

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avec agences , modifié à
Selon un syndicat d’infirmiers, aucun protocole n’avait été fourni pour traiter le patient à l’origine des deux infections de deux soignants

Après la nouvelle contamination d'un soignant qui avait traité un patient libérien, atteint d'Ebola et décédé depuis, les autorités américaines ont annoncé mercredi un second cas. Une infirmière a été contaminée par le même malade, qu'elle avait aussi soigné. Cette deuxième infection est "très inquiétante", ont commenté les autorités sanitaires. Cette seconde contamination lève le voile du protocole de prévention de la contagion, qui semble avoir d’importantes failles.

Des conditions de traitement incroyables. Pour expliquer le premier cas, le directeur des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) avait dit envisager l’hypothèse d’un manquement aux procédures. Rapidement, un syndicat d’infirmières a répliqué, arguant qu’aucun protocole n’avait été fourni pour traiter les patients touchés à l’hôpital de Dallas, où était soigné le Libérien avant son décès.

Cité par Associated Press, le syndicat détaille des conditions de traitement à peine croyables. Selon l’organisation, le patient a été laissé plusieurs heures dans une zone ouverte des urgences de Dallas et les infirmières auraient travaillé à ses côtés pendant des jours avant de porter un masque de protection, propre à un tel risque de contagion. Par ailleurs, elles devaient faire face à un protocole de protection changeant constamment, ajoute le syndicat.

Deborah Burger, de National nurses united, raconte que des infirmières ont utilisé du scotch médical pour sécuriser les ouvertures de leurs vêtements, craignant que leur cou et leur visage ne soit exposés aux vomissements et aux excréments du patient.  Selon d’autres témoignages, des déchets hospitaliers, potentiellement infectieux, ont été empilés jusqu’au plafond à un moment. La co-présidente du syndicat a précisé que ces conditions de travail ne concernaient que le Texas Health Presbyterian Hospital, où était soigné le Libérien décédé.

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Une malade en avion. En parallèle, on a appris mercredi que la seconde infirmière infectée, qui se surveillait elle-même, avait pris un vol intérieur, un jour avant de ressentir les premiers symptômes. Les autorités ont demandé aux 132 personnes du vol 1143 de Frontier Airlines, entre Cleveland et Dallas/Fort Worth le 13 octobre, de contacter les CDC. "Elle n’aurait pas dû voyager sur un vol commercial", a estimé Thomas Frieden, directeur des CDC.

Les Etats-Unis sous le choc. "Ce qui s’est produit, peu importe les raisons, est inacceptable", a jugé le directeur de l’Institut américain des allergies et des maladies infectieuses, le Dr. Anthony Fauci. Il a ajouté que les personnels soignant allaient bénéficier de davantage de formation pour éviter de nouvelles contaminations.

Ce nouveau cas a contraint Barack Obama de convoquer mercredi une réunion d’urgence à la Maison Blanche. Le président américain s’est également entretenu avec les chefs d’Etat et de gouvernement français, allemand, britannique et italien à ce propos.

Face à de telles révélations, Thomas Frieden, le directeur des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), déclare se "préparer à l’éventualité de nouveaux cas dans les prochains jours".

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