DSK : le camp Diallo contre-attaque

La guerre est déclarée entre Kenneth Thompson (à gauche) et Cyrus Vance (à droite).
La guerre est déclarée entre Kenneth Thompson (à gauche) et Cyrus Vance (à droite). © reuters
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avec agences , modifié à
Kenneth Thompson a demandé au procureur de se retirer. Ce dernier l'a immédiatement exclu.

A New-York, le bras de fer se poursuit autour de l'affaire DSK. Le procureur de Manhattan a annoncé mercredi le maintien des poursuites pour crimes sexuels contre l'ex-patron du FMI et exclu de se dessaisir de l'affaire. C'est pourtant ce que Kenneth Thompson, l'avocat de la victime présumée Nafissatou Diallo. Mercredi, il a écrit une lettre au procureur Cyrus Vance pour lui demander de se dessaisir. Voici, en détail, ce qu'il lui reproche.

LES GRIEFS DE KENNETH THOMPSON

Fuites dans la presse - "Votre bureau est apparemment responsable de fuites répétées et préjudiciables dans les médias la semaine dernière, qui visaient à discréditer la réputation de la victime, voire, et c'est peut-être le plus grave, à ébranler les charges qui pèsent contre Dominique Strauss-Kahn", a d'abord dénoncé Me Thompson dans sa lettre. L'avocat se réfère notamment à un coup de téléphone de l'accusatrice à un proche en prison au cours duquel elle aurait dit : "Ce type a beaucoup d'argent. Je sais ce que je fais". Cette sortie a été évoquée dans leNew York Times à la veille de l'audience au cours de laquelle DSK a été libéré sur parole.

Rétention d'information - Kenneth Thompson s'est ensuite offusqué dans son courrier du fait que le bureau du procureur n'ait pas permis aux représentants de la victime présumée d'écouter l'enregistrement de la fameuse conversation au cours de laquelle elle a évoqué l'argent de DSK. L'avocat note d'ailleurs que, selon le bureau du procureur, l'agression sexuelle évoquée par la victime présumée dans cette conversation avec un proche correspond au récit qu'elle en a donné à la justice.

Conflit d'intérêt - L'avocat a également évoqué un "possible conflit d'intérêts" entre l'ancien patron du FMI et le bureau du procureur, ayant pour origine le fait qu'une responsable du bureau du procureur, la chef de la division procès, serait mariée à l'un "des avocats de Dominique Strauss-Kahn". Cette affaire avait été évoquée à la mi-juin dans le New York Times. Le quotidien avait indiqué que la responsable en question avait appelé le procureur Vance dès que son mari avait appris que son cabinet allait travailler pour DSK. Pour Kenneth Thompson, aucun document n'a été diffusé pour décrire les mesures qui avaient été prises pour éviter cet éventuel conflit d'intérêt.

Manque de respect envers la victime - Enfin selon Me Thompson, "l'un des procureurs a crié sur la victime et lui a manqué de respect au cours d'une rencontre". L'avocat a aussi noté qu'un procureur du bureau de Cyrus Vance, cité anonymement dans la presse, n'a pas démenti que l'accusatrice avait pu s'adonner à la prostitution.

CYRUS VANCE REFUSE

La réponse n'a pas tardé : Cyrus Vance a déjà exclu de se retirer de l'affaire. "Toute suggestion selon laquelle ce bureau devrait se retirer est sans fondement", a ainsi déclaré Erin M. Duggan, porte-parole du bureau du procureur.

Le dossier de l'accusation avait été mis à mal la semaine passée lorsque le bureau du procureur avait découvert que l'accusatrice, originaire de Guinée, avait menti concernant les circonstances de sa demande d'asile aux Etats-Unis et qu'elle avait modifié sa version des faits après avoir rencontré DSK dans sa chambre de l'hôtel Sofitel de New York.

Bien qu'aucun détail de la réunion de mercredi entre les avocats de DSK et le procureur n'ait filtré, le New York Times rapporte mercredi que les deux parties ont discuté d'un abandon pur et simple des charges pesant contre Strauss-Kahn ou d'un accord de conciliation. La lettre de Kenneth Thompson pourrait être alors une dernière tentative d'éviter que le dossier ne soit rapidement refermé.