Discriminations : l'ONU fustige la France

Les récentes déclarations de Nicolas Sarkozy en matière de sécurité et d'immigration ont été épinglées à l'ONU.
Les récentes déclarations de Nicolas Sarkozy en matière de sécurité et d'immigration ont été épinglées à l'ONU. © REUTERS
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Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
Un comité des Nations-Unies a très durement jugé la politique française envers les minorités.

Le récent virage sécuritaire de la majorité française a eu des échos dans le monde. La démonstration en a été faite jeudi, au Comité pour l'élimination de la discrimination raciale de l'ONU (CERD). La politique française envers les minorités était passée au crible dans le cadre de l'examen périodique des pays ayant ratifié la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale de 1965.

Habituellement très technique, le débat a pris un tour politique après les annonces fracassantes de ces dernières semaines de Nicolas Sarkozy, qui a réclamé la déchéance de la nationalité française pour meurtre de policier ou pour polygamie, fustigé les cas de délinquance chez les Roms ainsi que parmi les gens du voyage, et établi un lien entre immigration et délinquance.

"L’époque de Pétain"

Dans ce contexte chargé, l’expert togolais Kokou Ewomsana affirmé que la France était confrontée à une "recrudescence notable du racisme et de la xénophobie". Pour le rapporteur de la session, l'Américain Pierre-Richard Prosper, "ce qui manque en France, c'est une vraie volonté politique".

Concernant les gens du voyage, certains ont dénoncé un amalgame avec les Roms et surtout le système d'attribution de visa de circulation tous les trois mois. "Le carnet de circulation nous rappelle l'époque de Pétain", a affirmé le Nigérien Waliakoye Saidou. La question du renvoi des Roms a également été évoquée à plusieurs reprises. "Comment comprendre que les Roms (...) puissent être extradés comme s'ils n'appartenaient pas à l'Union européenne ?", s'est interrogé l'expert algérien Nourredine Amir.

La déchéance de la nationalité a également été critiquée. "Je ne comprends pas ce que c'est qu'un Français d'origine étrangère", s’est interrogé le Turc Gun Kut. "Et je me demande si cela est compatible avec la Constitution."

"Image exécrable"

Surprise par la vigueur des critiques, la délégation française a défendu jeudi bec et ongles les positions du gouvernement. Elle a rejeté les problèmes de légalité des mesures contre les Roms et assuré qu'une révision de la loi de 1969 sur les gens du voyage était à l'étude, notamment sur la question du droit de vote. Elle a en revanche botté en touche sur la déchéance de la nationalité, la loi relative à cette mesure n'ayant pas encore été élaborée.

Dans un communiqué, le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, a affirmé pour sa part que "toutes les politiques actuellement menées" par la France visent à "l'égalité des droits des femmes, la protection des plus vulnérables contre les trafics d'êtres humains et la préservation du premier des droits de l'homme, qui est le droit à la sécurité".