Dialogue de sourds en Côte d'Ivoire

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avec agences , modifié à
Laurent Gbagbo aurait accepté de négocier une issue pacifique. Mais le camp Ouattara refuse.

Au fil des heures, la situation évolue en Côte d'Ivoire. Mardi, en milieu de journée, Laurent Gbagbo aurait accepté de nouvelles discussions. Le président sortant se serait en effet dit prêt à négocier, sans condition préalable, une issue pacifique à la crise politique dans son pays, ont annoncé les médiateurs de l'Union Africaine et de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Celui que la communauté internationale appelle à quitter le pouvoir se serait également engagé à lever le blocus terrestre imposé par les forces qui lui sont fidèles autour du QG de son rival Alassane Ouattara, retranché dans l'Hôtel du Golf à Abidjan, sous la protection de 600 casques bleus de l'Onuci.

Offre de dialogue refusée

Mais l'offre de dialogue de Laurent Gabgbo a rapidement été rejetée par le camp Ouattara. "Tout ce qu'on attend c'est qu'il s'en aille, le reste n'a aucun intérêt pour nous", a déclaré Ali Coulibaly, conseiller diplomatique d'Alassane Ouattara, reconnu vainqueur du scrutin présidentiel par la communauté internationale."Gbagbo essaie d'endormir la conscience des gens", mais "sa parole n'a aucune espèce d'importance", a-t-il ajouté. Et d'insister: "Que signifie une issue pacifique ? On veut que Gbagbo parte c'est tout".

De son côté, le Premier ministre kényan Raila Odinga, médiateur de l'Union africaine, a expliqué mardi avoir averti Laurent Gbagbo qu'une "solution kényane" de partage du pouvoir entre rivaux politiques n'était pas envisageable.

"Lenteur du processus de médiation"

La veille, la médiation n'avait rien donné. Les quatre émissaires africains avaient quitté Abidjan, sans avoir réussi à convaincre le président ivoirien sortant, Laurent Gbagbo, de céder le pouvoir à son rival. Les médiateurs africains mandatés par la Cédéao ont pourtant discuté plusieurs heures avec Gbagbo avant de s'entretenir avec Ouattara.

Le président de l'Union africaine (UA), le Malawite Bingu wa Mutharika, s'est dit mardi "déçu de la lenteur du processus de médiation en Côte d'Ivoire", a rapporté son porte-parole. "Le président de l'UA est déçu de l'absence de percée à l'heure actuelle", a ajouté Hetherwick Ntaba, porte-parole du chef d'Etat du Malawi, sur la radio d'Etat. Il appelle Laurent "Gbagbo à céder le pouvoir à (Alassane) Ouattara pour (...) éviter un bain de sang", a ajouté le porte-parole. Le président en exercice de l'UA avait déjà appelé le 8 décembre M. Gbagbo à se retirer.

L'intervention militaire reste une option

Face à cette impasse, la Cédéao a prévenu qu'elle pourrait recourir à la "force légitime" si le président sortant refuse de quitter son fauteuil de président. Mardi, elle a confirmé que l'intervention militaire restait une option.

"C'est aux armées des pays de la Cédéao de prendre l'initiative d'un recours à la force. Certainement pas à la France", a confirmé le ministre de la Défense française Alain Juppé, mardi sur Europe 1.

Mardi soir, la mort d'un militant d'un parti pro-Ouattara, tué lors d'un raid policier, a été annoncée. Au total, plus de 170 personnes ont été tuées dans les violences post-électorales, notamment le 16 décembre lors d'affrontements en marge d'une manifestation de partisans de Ouattara.