Deux néonazis arrêtés pour 10 meurtres

Le trio néonazi (Beate Z. à gauche et ses deux "compagnons") soupçonné d'une dizaine de meurtres racistes en Allemagne
Le trio néonazi (Beate Z. à gauche et ses deux "compagnons") soupçonné d'une dizaine de meurtres racistes en Allemagne © Reuters
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avec agences , modifié à
En Allemagne, un deuxième suspect a été arrêté dans une affaire de meurtres racistes présumés.

Existe-t-il un réseau de meurtriers néonazis outre-Rhin ? La question est sur toutes les lèvres en Allemagne, alors qu'un deuxième suspect dans une affaire de meurtres xénophobes a été arrêté à Hannovre, selon les informations du parquet fédéral rendues publiques dimanche.

L'arrestation d'Holger G., 37 ans, est intervenue après celle de Beate Z., une militante néonazie de 36 ans, chez qui les enquêteurs ont retrouvé un pistolet ayant servi, selon des analyses balistiques, dans neuf meurtres de personnes d'origine étrangère. Jusqu'ici, les meurtres de huit Turcs et un Grec dans des restaurants de kebab entre 2000 et 2006 n'avaient jamais été élucidés.

Deux hommes morts dans un camping-car

Deux hommes avaient auparavant été retrouvés morts dans un camping-car dans des circonstances encore inexpliquées. Ces derniers sont présentés comme les "compagnons" de longue date de Beate Z. au sein de la mouvance néonazie.

Holger G., Beate Z. et les deux hommes du camping-car sont soupçonnés d'appartenir à un groupe d'extrême droite baptisé "Clandestinité national-socialiste" (NSU). Holger G. aurait apporté au trio un soutien logistique, notamment en leur laissant utiliser son permis de conduire et son passeport. Les enquêteurs cherchent désormais à savoir s'il a pris une part active dans les crimes dont sont soupçonnés les trois autres.

Les enquêteurs estiment par ailleurs que cette cellule néo-nazie serait à l'origine du meurtre d'une policière en 2007, et de l'attentat à la bombe perpétré en 2004 dans un quartier turc de Cologne. La police a aussi retrouvé un film de 15 minutes enregistré sur un DVD prêt à être envoyé à des organisations culturelles islamiques et aux médias.

"Fraction armée brune"

En Allemagne, la peur d'une "Fraction armée brune" suscitait de vives réactions. L'expression fait allusion au groupe terroriste d'extrême gauche "Fraction Armée Rouge" (RAF), qui a commis une trentaine de meurtres dans le pays entre 1970 et les années 90.

Cette arrestation est intervenue alors qu'une partie de la presse ainsi que plusieurs responsables politiques s'interrogeaient sur l'implication éventuelle des services de renseignement, qui auraient utilisé les suspects comme informateurs sur la mouvance néonazie.

"Il faut expliquer comment il est possible que ce trio ait pu vivre pendant une dizaine d'années dans la clandestinité sans être inquiété", a réclamé le président de la commission parlementaire chargé de la politique intérieure, Wolfgang Bosbach, membre de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière Angela Merkel.

Selon des informations parues dans différents journaux samedi, un atelier de fabrication de bombes artisanales avait été découvert en 1998 dans un garage loué par Beate Z. à Iéna, mais le trio avait ensuite disparu de la circulation.