Deux ans de camp pour les Pussy Riot

"C'est une honte ! C'est une injustice !", ont crié plusieurs personnes dans la salle du tribunal à l'annonce du jugement, inférieur d'un an à ce qu'avait requis le procureur.
"C'est une honte ! C'est une injustice !", ont crié plusieurs personnes dans la salle du tribunal à l'annonce du jugement, inférieur d'un an à ce qu'avait requis le procureur. © Reuters
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avec agences , modifié à
Les trois jeunes femmes ont été condamnées par un tribunal de Moscou pour "hooliganisme". 

Il n'y a pas eu vraiment de surprise vendredi à Moscou à l'annonce du jugement du procès des Pussy Riot. Les trois jeunes femmes membres du groupe de punk russe Pussy Riot ont été reconnues "coupables de hooliganisme", a déclaré vendredi la présidente du tribunal Khamovnitcheski à Moscou. Les chanteuses ont été condamnées chacune à deux ans de camp. La peine maximum pour "hooliganisme" est de sept ans de camp.

"C'est une honte"

La magistrate Marina Syrova a en grande partie repris les arguments du procureur qui avait requis trois ans de camp à l'encontre de Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, d'Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, et de Maria Alekhina, 24 ans, pour "hooliganisme" et "incitation à la haine religieuse". Les trois militantes avaient chanté, encagoulées, une prière punk anti-Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou le 21 février dernier. La juge a souligné qu'il n'y avait pas eu de "repentir" des accusées et qu'elles avaient "violé l'ordre public" et "offensé les sentiments (religieux) des croyants".

"C'est une honte ! C'est une injustice !", ont crié plusieurs personnes dans la salle du tribunal à l'annonce du jugement, inférieur d'un an à ce qu'avait requis le procureur. Nadejda Tolokonnikova a souri en entendant sa condamnation.

Pas de "repentir"

Aux abords du tribunal, un important dispositif policier a été déployé et des barrières métalliques ont été placées de part et d'autre de la rue, empêchant de fait tout éventuel rassemblement de masse. Car l'affaire a profondément divisé la société en Russie, de nombreux prêtres et fidèles dénonçant la profanation de la cathédrale et une attaque en règle contre l'Eglise. Mais d'autres, y compris au sein de l'Eglise, ont jugé les poursuites à leur encontre et leur maintien en détention disproportionnés par rapport aux faits qui leur sont reprochés.

L'affaire a aussi pris une dimension internationale et les trois femmes ont reçu ces dernières semaines de nombreuses marques de soutien du monde entier. Plusieurs artistes tels que Paul McCartney, Madonna, Sting et Yoko Ono, la veuve de John Lennon, ont exprimé leur solidarité.

Elle ne demanderont pas grace à Poutine

Face à la résonance de l'affaire des Pussy Riot, Vladimir a semblé plaider début août en faveur d'une certaine indulgence, estimant que les jeunes femmes ne devaient pas être jugées "trop sévèrement".

Une indulgence qui n'a pas touché les accusées. Dans une interview publiée vendredi par le journal Novaïa Gazeta, les prévenues ont indiqué qu'elles ne demanderaient pas au président russe de les gracier. "C'est à lui de nous demander, et à nous et à vous, de le gracier", a déclaré Nadejda Tolokonnikova, qui a souri à l'énoncé du jugement.