Des rumeurs sur WhatsApp sur des rapts d'enfants déclenchent une vague d'agressions en Inde

Les rumeurs meurtrières ne sont pas un phénomène nouveau en Inde et se développent avec la démocratisation des moyens de communication numériques.
Les rumeurs meurtrières ne sont pas un phénomène nouveau en Inde et se développent avec la démocratisation des moyens de communication numériques. © LIONEL BONAVENTURE / AFP
  • Copié
avec AFP
Des violences ont coûté la vie à une femme prise pour une ravisseuse d'enfants, après la multiplication de fausses rumeurs sur le réseau sociaux WhatsApp.

La police indienne a appelé mercredi la population à ne pas croire les fausses rumeurs circulant sur WhatsApp au lendemain d'une vague d'agressions et de lynchages qui ont coûté la vie à une femme prise pour une ravisseuse d'enfants, dans ce pays où les "fake news" connaissent de plus en plus d'issues tragiques. De fausses informations faisant état de centaines de trafiquants d'enfants au Gujarat ont déclenché cinq attaques mardi dans plusieurs villes de cet État de l'ouest de l'Inde.

La fréquence de telles affaires s'accélère ces derniers temps dans cette nation d'Asie du Sud, qui dans sa modernisation adopte en masse les moyens de communication numériques. La vague d'agressions a même poussé les forces de l'ordre du Gujarat à lancer un appel par communiqué: "Ne vous laissez pas emporter par les faux messages ou rumeurs sur les réseaux sociaux et n'attaquez personne en raison de suspicions". WhatsApp est extrêmement populaire en Inde et les rumeurs y prolifèrent hors de tout contrôle, aboutissant parfois à des lynchages. L'hystérie provoquée par des textos autour de prétendus "ravisseurs d'enfants" a d'ores et déjà coûté la vie à au moins 22 personnes en un an, d'après la presse indienne.

Quatre femmes frappées à coups de poings et de pieds. Mardi soir dans la grande ville gujaratie d'Ahmedabad, persuadé d'avoir affaire à l'un de ces "gangs", un attroupement d'une centaine de personnes s'en est ainsi pris à une mendiante de quarante-cinq ans, Shantadevi Nath, ainsi qu'à trois femmes qui se trouvaient avec elle. "Les gens dans la foule ont matraqué à coups de poings et de pieds les quatre femmes. Certains les ont même frappées avec des bâtons et les ont tirées par les cheveux, causant de graves blessures à Shantadevi", a expliqué le responsable policier JA Rathwa. Secourues par un agent en charge de la circulation, les victimes ont été transportées à l'hôpital où Shantadevi Nath a été déclarée morte.

Quatre autres épisodes de violence dans la même journée. Le même message viral, selon lequel des trafiquants étaient arrivés en nombre au Gujarat pour enlever des enfants dans le but de les vendre, a causé quatre autres épisodes de violences le même jour dans cette région industrialisée. Dans la ville de Surate, une foule en majorité masculine a notamment amené de force une femme de 45 ans et le bébé qui l'accompagnait au poste de police. Ses accusateurs disaient que l'enfant avait été enlevé. "Toutes deux ont été amenées au commissariat où il a été mis en évidence que c'était bien la fille et la mère", a cependant indiqué un responsable policier local aux médias indiens.

 

Rumeurs meurtrières et réseaux sociaux

Les rumeurs meurtrières ne sont pas un phénomène nouveau en Inde, comme dans de nombreux autres pays du monde, mais leur émergence est facilitée par l'accélération et la démocratisation des moyens de communication numériques. Surfant sur la guerre des prix des opérateurs de téléphonie mobile, les réseaux sociaux pénètrent désormais jusque dans les villages les plus reculés d'Inde. Propriété de Facebook, la messagerie Whatsapp compte plus de 200 millions d'utilisateurs actifs mensuels dans ce géant de 1,25 milliard d'habitants.