Des retraités se dévouent pour Fukushima

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avec Anthony Dufour et AFP
Ils proposent de travailler à la décontamination de la centrale, pour éviter aux jeunes d’être irradiés.

Ils sont prêts à se sacrifier pour l’avenir du Japon. Peinés de voir des collègues plus jeunes risquer leur vie au cœur de la centrale de Fukushima, des ingénieurs japonais à la retraite veulent reprendre du service.

 

Plus de 200 ingénieurs retraités se sont en effet portés volontaires pour participer au "Corps des vétérans qualifiés", afin de réparer les systèmes de refroidissement des réacteurs de la centrale Fukushima Daiichi (n°1), sérieusement endommagée depuis le séisme et le tsunami du 11 mars.

 

"Les jeunes ne doivent pas être exposés"

 

A l'origine de cette initiative, Yasuteru Yamada explique que l'idée lui est venue après avoir entendu que de jeunes travailleurs sous-traitants, dont des ouvriers non qualifiés, avaient été envoyés sur les lieux pour tenter de réparer les dégâts. Il a réussi à rassembler d'autres retraités grâce à Internet.

"Les jeunes gens, notamment ceux qui ont des enfants, ne devraient pas être exposés aux radiations", estime l’ancien ingénieur. Actuellement, plus de mille personnes, dont des sous-traitants, travaillent sur le site de la centrale, où des niveaux élevés de radiation ont été détectés à plusieurs reprises depuis l'accident du 11 mars.

 

Yasuteru Yamada propose au gouvernement d'autoriser un groupe indépendant d'ingénieurs qualifiés de plus de 60 ans à se rendre sur le terrain pour réparer les systèmes de refroidissement.

 

La démarche n’est pas "kamikaze"

 

Malgré tout, l’ingénieur à la retraite refuse que sa démarche volontaire soit assimilée à du suicide. Il réfute de fait toute comparaison avec les escadrons de kamikazes de la Seconde guerre mondiale.

 

"Tout le monde a peur de la mort. Moi aussi", insiste-t-il ainsi. Les équipes, souligne Yasuteru Yamada, devraient travailler selon de strictes consignes de sécurité, avec l'aval du gouvernement.

 

Tepco n’a pas donné son feu vert

 

Pour l’heure toutefois, si l’initiative a reçu le soutien de nombreux députés, Tepco n’a pas avalisé le projet. Et pour cause. Accepter le projet reviendrait à avouer l'importance des risques d'irradiation mortelle qui guettent les opérateurs.

 

L’opérateur de la centrale, s'est donné jusqu'à janvier pour parvenir à maintenir durablement sous 100 degrés celsius la température des réacteurs. Mais des experts estiment qu'il faudra dix ans pour démanteler la centrale, située à 220 km au nord-est de Tokyo.