Des élèves musulmans autorisés à ne pas serrer la main de leur enseignante en Suisse

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Des collégiens. Image d'illustration. © STEPHAN AGOSTINI / AFP
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NM , modifié à
Ces deux adolescents ont expliqué que l'islam leur interdisait de toucher la main d'une femme. L'école refuse de faire machine arrière. 

L'histoire a fait un tollé en Suisse. Une école secondaire de Therwil, commune située dans le nord-ouest du pays, a autorisé à deux de ses élèves musulmans à ne pas serrer la main à leur enseignante, a rapporté le journal Schweiz am Sonntag. La pratique est pourtant un rituel dans les classes helvétiques. Cette exception à la règle a été condamnée unanimement dans le pays, explique mardi Le Temps.

Avec l'accord de leur direction. Tout a commencé à la fin de l'année scolaire 2014-2015. Deux élèves de 14 et 15 ans de confession musulmane refusent de serrer la main à une de leurs enseignantes quand ils entrent en classe. Leur argument ? L'islam leur interdit de toucher la main d'une femme. Après débat avec le corps professoral et la commission scolaire locale, la direction de l'école donne raison aux deux adolescents. Une condition leur est cependant imposée : ils ne doivent plus serrer la main de leurs professeurs hommes aussi, afin de ne pas instaurer de discrimination entre les sexes.

Serrer la main ? "Notre culture". L'exception à la règle n'a pas tardé à faire réagir la classe politique qui a condamné la direction de l'école. La ministre de la Justice Simonetta Sommaruga a déclaré lundi que "serrer la main fait partie de notre culture et de notre quotidien". "Ce n’est pas l’idée que je me fais de l’intégration", a-t-elle aussi indiqué. Même son de cloche du côté des autorités musulmanes. Pour le président de la Fédération des organisations islamiques de Suisse (FOIS), Montassar BenMrad, "il n’y a pas de référence, dans le Coran, légitimant le refus de serrer la main d’une enseignante" et "plusieurs savants musulmans ont affirmé qu’une simple poignée de main pour saluer une autre personne ne pose pas de problème". "Avec le dialogue, l’école aurait pu faire comprendre à ces jeunes et à leurs parents", regrette-t-il.

Expertise locale. Jürg Lauener, directeur de l'école secondaire au cœur de la polémique, a malgré ces condamnations décidé de maintenir l'exception. "Nous n’avons aucune raison de changer d’avis, sauf si les autorités cantonales se prononcent contre notre décision", a-t-il estimé. Le département de l'instruction de Bâle-Campagne, auquel Therwil est rattaché, prépare une expertise sur le sujet afin d'envoyer une directive à toutes les écoles.