Crise de l’euro : récit d'une longue nuit

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Les négociations butent sur de nouvelles règles communes, la zone euro pourrait avancer seule.

Réunis à Bruxelles pour un sommet consacré à la crise de la dette et de la zone euro, les représentants des 27 pays de l’Union Européenne négocient depuis jeudi soir une révision des traités européens. Objectif : améliorer la gouvernance de l’UE, notamment par le biais d’une plus grande discipline budgétaire.

Mais les intérêts des 17 membres de la zone euro ne sont pas les mêmes que ceux des 27 de l’UE. L’Europe ressort donc divisée de cette nuit de négociations, marquée par l’échec du plan franco-allemand et l’intransigeance du Royaume-Uni.

De difficiles négociations. Les débats se sont éternisés jusqu’à 5 heures, heure à laquelle les chefs d’Etat se sont présentés devant la presse pour faire le point. "Nous aurions préféré un accord unanime", a réagi le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, avant de regretter que "cela n'a pas été possible".

"J’aimerai pouvoir dire que les réunions qui durent 12 heures en pleine nuit, ce ne sera plus nécessaire", a confirmé Nicolas Sarkozy. Sauf que cette nuit de négociations n’a pas suffi et que les chefs d’Etat se retrouvent à 10 heures pour reprendre les débats.

Le plan franco-allemand écarté ? L’Allemagne et la France s’étaient mis d’accord pour mettre en place une plus grande discipline budgétaire, synonyme de règle d’or à l’échelle européenne. Mais tous les partenaires européens ne sont pas sur la même longueur d’onde, seuls les membres de la zone euro sont prêts à jouer le jeu.

"Nous avions, avec Madame Merkel, posé les bases de ce qui nous semblait être nécessaire pour changer structurellement le fonctionnement de la zone euro. Cela a été accepté par les 17, plus tous ceux qui veulent nous rejoindre. Est-ce que cela sera suffisant ? Nous verrons…", a déclaré Nicolas Sarkozy.

Le blocage du Royaume-Uni. Premier opposant au plan franco-allemand, le Royaume-Uni a défendu son point de vue et proposé des "conditions inacceptables", dixit Nicolas Sarkozy. La réforme des traités prévoit une meilleure discipline budgétaire, mais aussi de nouvelles règles dans le domaine de la finance, ce que les Britanniques refusent fermement, ce secteur représentant 10% de leur PIB.

"Si vous ne pouvez pas obtenir des garde-fous à l'intérieur du traité, il vaut mieux rester en dehors", s’est défendu David Cameron. La Suède et la République tchèque sont également sceptiques mais n’ont pas pour autant opposé un veto de manière aussi ferme que les Britanniques. Ils attendent la version définitive de l’accord pour le présenter devant leurs parlements respectifs.

Vers une Europe à deux vitesses. C’est donc vers une Europe à deux vitesses qu’on se dirige : d’un côté les membres de la zone euro, avec des règles de convergences beaucoup plus élaborées, et de l’autre le reste de l’UE.

"Les 17 membres de la zone euro plus six autres pays vont conclure un accord intergouvernemental", a confirmé vendredi matin le président de l'UE Herman Van Rompuy, avant d’inviter les derniers récalcitrants à rejoindre le nouveau projet.