Crimée : l'Ukraine dénonce une "invasion armée"

Kiev dénonce une "invasion armée" en Crimée.
Kiev dénonce une "invasion armée" en Crimée. © Reuters / Des hommes armés bloquent l'accès à l'aéroport de Sébastopol
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avec agences et correspondance à Moscou , modifié à
L'ESSENTIEL - Le président ukrainien par intérim demande à Vladimir Poutine de cesser "son agression non dissimulée".

LES TROIS INFOS DE LA JOURNÉE

- Deux aéroports de Crimée sont sous contrôle russe et un haut responsable russe dénonce une "d'invasion armée".

- Les premières sanctions européennes prennent effet.

- Depuis la Russie, l'ex-président Viktor Ianoukovitch affirme que le Parlement national n'est pas légitime.

LES ÉVÉNEMENTS DE VENDREDI

Une "invasion armée", pour l'Ukraine. Vendredi soir, un haut responsable ukrainien dénonce une "invasion armée", avec plus de 2.000 soldats aérotransportés à Simferopol, la capitale de la Crimée, péninsule du sud de l'Ukraine qui abrite aussi la flotte russe de la mer Noire. "L'espace aérien [en Crimée] est fermé en raison du grand nombre d'atterrissages d'avions et d'hélicoptères russes", a déclaré le représentant du président ukrainien en Crimée.

Le président par intérim, Olexandre Tourtchinov, demande quant à lui au président russe "d'arrêter immédiatement son agression non dissimulée et de retirer ses militaires de Crimée". Plus tôt dans la journée, le ministre ukrainien de l'Intérieur avait déjà accusé les forces russes "d'invasion".

Dans la nuit de jeudi à vendredi, l'aéroport de Simféropol, la capitale de cette région pro-russe d'Ukraine, a été pris d'assaut par un groupe d'hommes armés, dont l'origine est incertaine. Près de l'aéroport militaire de Sébastopol, une ville indépendante de la République de Crimée, des soldats russes ont pris position, pour prévenir des attaques et empêcher des "combattants rebelles" d'y atterrir. Un blindé est arrivé sur place, tout le périmètre est bouclé, selon la correspondante d'Europe 1 à Moscou. Les deux infrastructures, civile et militaire, de la péninsule sont donc occupées.

La Crimée est une péninsule du sud de l'Ukraine :

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Le Parlement d'Ukraine a également voté une résolution qui appelle les États-Unis et la grande-Bretagne à l'aide. Les deux pays se sont portés garants de l'indépendance de l'Ukraine, dans un traité signé en 1994.

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Ianoukovitch veut "poursuivre la lutte". Le président destitué a fait sa première apparition en public sur le sol russe, dans la ville de Rostov-sur-le-Don. Lors d'une conférence de presse, il a prévenu qu'il voulait "poursuivre la lutte pour l'avenir de l'Ukraine", après avoir assuré qu'il n'avait "pas été renversé" mais forcé de quitter le pouvoir après des menaces. Viktor Ianoukovitch a affirmé que l'Ukraine était aux mains de "jeunes néo-fascistes" et que le Parlement national, la Rada, était illégitime. Le président déchu a aussi dénoncé une politique occidentale "irresponsable" vis à vis des manifestants de Maïdan. En Ukraine aujourd'hui, "c'est la terreur" et "le chaos", a-t-il dénoncé.

"Je comprends parfaitement la volonté des habitants de Crimée qui veulent se défendre. Ils créent des milices pour défendre leurs maisons, leurs foyers : quoi de plus naturel ?", a lancé Viktor Ianoukovitch, avant d'ajouter : "je déclare solennellement que la Crimée doit rester au sein de l'Ukraine, et je le dis en tant que président de l'Ukraine". "Je rentrerai en Ukraine [...] dès que j'aurai des conditions et des garanties, notamment de la part des médiateurs internationaux, pour ma sécurité", a-t-il encore assuré, affirmant aussi n'avoir jamais donné l'ordre à la police de tirer sur les manifestants de la place de l'Indépendance.

Des passeports russes pour les "Berkout". Réfugié en Russie, le président déchu fait l'objet d'une enquête pour "meurtres de masse" en Ukraine. Il est peu probable que la Russie accède à la demande d'extradition que Kiev prévoit de formuler. Par ailleurs, la Russie a annoncé qu'elle allait donner des passeports aux policiers d'élite ukrainiens, les "Berkout", dont l'unité a été démantelée.

Les forces spéciales anti-émeute Berkout, particulièrement haïes et redoutées des manifestants.

© REUTERS

L'ACTU - Les forces anti-émeutes Berkout dissoutes

Les premières sanctions. L'Autriche et la Suisse ont respectivement bloqué les avoirs de 18 et 20 responsables ukrainiens. Ni Vienne, ni Bern n'a divulgué les noms des personnes concernées. Mais le ministre autrichien des Affaires étrangères a affirmé qu'elles sont soupçonnées d'atteintes aux droits de l'homme et de corruption. Depuis quelques semaines, la Suisse a gelé ses exportations d'armes et de matériel de guerre vers l'Ukraine. Après la violente répression des manifestations à Kiev, l'Union européenne avait promis des sanctions contre les responsables du massacre qui a fait au moins 80 morts.

Police Ukraine

© Reuters

Par ailleurs, les autorités judiciaires de Genève ont lancé une enquête pénale à l'encontre de l'ancien président Ianoukovitch et de son fils. Elle concerne des soupçons de blanchiment d'argent. "Une perquisition est menée par le premier procureur Yves Bertossa et la brigade financière de la police judiciaire a eu lieu le jeudi 27 février au matin dans les locaux d'une société détenue par Aleksander Ianoukovitch", a indiqué le procureur du canton de Genève.

La crise économique, toujours. Les troubles en Crimée surviennent dans un contexte générale de grave crise économique en Ukraine. La Banque centrale du pays a limité vendredi les retraits des Ukrainiens. Impossible de retirer plus de 15.000 hryvnias, la monnaie du pays, soit 1.095 euros. Depuis le début de l'année, la devise a perdu le quart de sa valeur et le pays est au bord de la faillite.

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