Crash russe: Charm el-Cheikh se vide de ses touristes

© RUSSIA'S EMERGENCY MINISTRY / AFP
  • Copié
B.W avec AFP
La sécurité a été renforcée alors que l'Egypte tente de sauver ce qui peut l'être de son secteur touristique après le crash de l'avion russe.

Les touristes russes et britanniques continuaient lundi de quitter la station balnéaire de Charm el-Cheikh, où la sécurité a été renforcée alors que l'Egypte tente de sauver ce qui peut l'être de son secteur touristique après le crash de l'avion russe .

La sécurité renforcée à l'entrée de l'aéroport. Des centaines de vacanciers, la plupart d'entre eux russes, ont rejoint dans la matinée l'aéroport pour repartir chez eux à bord d'avions que Moscou et Londres avaient envoyés à vide, a indiqué un responsable de la sécurité. La sécurité a été renforcée à l'entrée de l'aéroport, où tous les véhicules étaient filtrés scrupuleusement, a constaté un journaliste de l'AFP. Et, à proximité de certaines plages, les policiers semblaient plus nombreux que les touristes.

"Il y a des caméras partout et des policiers en civil pour assurer la sécurité des touristes à Charm", a résumé un officier de police à l'entrée de Nama Bay, l'un des centres commerciaux et de loisirs les plus fréquentés de Charm.
La grands complexes hôteliers de la principale station balnéaire égyptienne se vident progressivement de leurs occupants au fur et à mesure qu'avancent les opérations de rapatriement. Mais il restait encore lundi à Charm et sur les rives de la mer Rouge quelque 70.000 touristes russes et 15.000 Britanniques, selon les informations distillées par Moscou et Londres. Aucun chiffre sur ces départs n'a été donné par l'Egypte, qui communique peu officiellement depuis que l'avion de la compagnie Metrojet s'est écrasé dans le Sinaï avec 224 personnes à bord, en très grande majorité des Russes, le 31 octobre. 

Coup très dur pour le tourisme. Les images de touristes fuyant les plages égyptiennes irritent Le Caire qui estime depuis le début que Londres et Washington ont sur-réagi et anticipé les résultats de l'enquête. Une grande partie de la presse égyptienne, publique comme privée, dénoncent des "fuites" sur l'enquête dans les médias internationaux et diffusent à l'envi des reportages sur des touristes étrangers se disant ravis de rester à Charm el-Cheikh.

La catastrophe aérienne porte en effet un coup très dur au tourisme égyptien, déjà affectée par des années d'instabilité depuis la chute du régime de Hosni Moubarak en 2011 - à l'issue d'une révolte populaire dans la ligné du Printemps arabe -, suivie par des années de violences et d'instabilité. L'an dernier, le nombre de visiteurs a atteint 10 millions contre 15 millions en 2010. La plupart d'entre eux avaient pris la direction de Charm el Cheikh, de ses plages et de ses hôtels de luxe, alors que les sites antiques, notamment autour de Louxor, étaient boudés.

Un cinquième des touristes russes vont en Egypte. Un cinquième des touristes russes choisissent de passer leur vacance dans le pays des Pharaons, selon des responsables du tourisme à Moscou, qui évoquent toutefois une baisse de la fréquentation depuis 2013.Les Britanniques, autre clientèle de choix, risquent de déserter l'Egypte "pour le moment", indique Derek Moore, président de l'association des Tour Operators indépendants ((AITO), qui regroupe 120 membres à Londres.

"Il y a des inquiétudes sur la possibilité d'un nouvel attentat visant un avion et le laxisme de la sécurité à l'aéroport de Charm", explique-t-il. "Or, comme le reste des destinations touristiques de l'Egypte ne marchaient déjà pas aussi bien que Charm ces derniers temps, les Britanniques vont s'interdire l'Egypte certainement jusqu'en 2016", prédit ce professionnel du tourisme. Comme d'autres capitales occidentales, Paris a également déconseillé à ses ressortissants de se rendre à Charm el-Cheikh dans l'attente des résultats de l'enquête sur les causes du crash. La station de la mer Rouge avait déjà remonté la pente après avoir été victime d'attentats qui avaient fait près de 70 morts en 2005. Les touristes étaient ensuite progressivement revenus.