Crash en Ukraine : la sécurité du site vire à la bataille diplomatique

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Fabienne Cosnay et Matthieu Bock, envoyé spécial en Ukraine et agences , modifié à
L'ESSENTIEL - Les observateurs de l’OSCE peinent à travailler. La pression s'accentue sur Vladimir Poutine.

Trois jours après le crash du Boeing 777 de la Malaysia Airlines dans l'est de l'Ukraine, l’enquête avance péniblement à Grabove. Le site du crash, situé en zone rebelle, près de la ville de Chakhtarsk, n’est pas assez protégé ; les inspecteurs de l’OSCE peinent à travailler avec les rebelles pro-russes.

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Coup de pression sur Poutine. Plusieurs pays dont les Etats-Unis, l’Ukraine et la Malaisie se sont alarmés du manque de sécurité sur le site du crash, craignant une falsification des preuves. "Ce qui se passe est vraiment grotesque", a déclaré John Kerry sur NBC, en soulignant que c'était "contraire à tout ce que le président Poutine et la Russie ont dit qu'ils feraient".

Les dirigeants européens ont aussi mis un coup de pression sur la Russie. François Hollande, Angela Merkel et David Cameron ont convenu "d'exiger" de Vladimir Poutine "qu'il obtienne des séparatistes ukrainiens" le "libre et total accès" à la zone du crash du vol MH-17 en Ukraine, selon un communiqué de l'Elysée. Si aucune mesure n'est "immédiatement" prise par Moscou, l'Union européenne en tirera "les conséquences", ajoute la présidence française.

Ces déclarations font suite à la révélation d'un entretien téléphonique entre deux chefs rebelles capté par les services de renseignements ukrainiens qui les désigne comme responsables du crash du MH-17. Cet entretien a été authentifié par des experts américains, a relayé l'ambassade des Etats-Unis à Kiev.

La zone toujours pas sécurisée. Car la première équipe internationale arrivée sur les lieux, l’OSCE n'a  obtenu qu'un "accès limité" au site où gisent valises éparses, livres, jeux d'enfants et passeports. "Normalement, dans ce type d’évènements, vous sécurisez le périmètre et vous ne touchez à rien et là, c’est certain que ça n’a pas été le cas". Certains débris "semblent avoir été déplacés", a indiqué samedi soir Michael Bociurkiw, le porte-parole de la mission d'observation de l'OSCE, faisant état de "sacs de duty free ouverts", de "bouteilles d'alcool cassées", "des pièces importantes de l’appareil calcinées".

ukrainepar Europe1fr

Des corps déplacés. Les secouristes ont commencé la récupération des restes humains des 298 passagers du vol MH17, qui gisent depuis bientôt deux jours dans la campagne ukrainienne. Mais les responsables occidentaux ont fait part de leur inquiétude quant au déplacement des corps des victimes de la catastrophe. Un chef rebelle, Alexandre Borodaï a expliqué que ce déplacement des dépouilles avait pour but de les protéger de la chaleur et des animaux sauvages."156 corps ont été déplacés à Torez (une ville proche du site du crash - ndlr) dans des wagons réfrigérés" et "ils ne vont nulle part, ils restent à Torez en attendant que les experts arrivent", a-t-il ajouté sans donner de renseignements sur les autres corps. 

Identifier les victimes. Les experts internationaux arriveront lundi sur le site de l'accident de l'avion malaisien dans la zone occupée par les rebelles pro-russes dans l'est de l'Ukraine, a annoncé dimanche le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte. "L'OSCE (l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, ndlr) veut emmener la mission d'identification avec les experts néerlandais demain matin tôt sur le lieu du site", a déclaré Mark Rutte à des journalistes à La Haye. Les Néerlandais coordonneront la difficile tâche d'identification des 298 victimes de l'accident.