Crash d'Air Algérie : le BEA avance la piste de l'erreur humaine

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Noémi Marois avec AFP
Les pilotes n'auraient pas activé le système anti-givrage de capteurs extérieurs, provoquant la perte de vitesse de l'appareil avant son crash. 116 personnes avaient péri.

Le 24 juillet dernier, un avion d'Air Algérie reliant Ouagadougou à Alger  s'écrasait dans le nord du Mali avec 116 personnes à son bord dont 54 Français. Alors que la piste terroriste et les conditions météo ont pu être évoquées, le Bureau d'enquêtes et analyses (BEA) a publié vendredi sur son site les premiers éléments de l'enquête rendue possible par l'examen de la première boîte noire, la deuxième n'ayant pas fonctionné. L'équipage n'a vraisemblablement pas activé un système anti-givre. Certains capteurs auraient alors eu du mal à fonctionner entraînant la perte de vitesse de l'avion, son décrochage, puis son crash.

"Givrage des capteurs". Les premiers éléments de l'enquête indiquent que l'avion, un McDonnel Douglas, a atteint "sans événement significatif" son altitude de croisière de 9.500 mètres. Mais deux minutes plus tard, la valeur du "paramètre principal de conduite des moteurs" est devenue "erronée sur le moteur droit puis environ 55 secondes plus tard sur le moteur gauche". "Ceci est vraisemblablement le résultat du givrage des capteurs de pression situés sur le cône de nez des moteurs", indiquent les enquêteurs.

"Si le système de protection contre le givrage des moteurs est activé, ces capteurs de pression sont réchauffés par de l'air chaud", explique le BEA. "L'analyse des données disponibles indique que l'équipage n'a vraisemblablement pas activé ces systèmes au cours de la montée et de la croisière", selon les experts.

Perte de vitesse et décrochage. Les capteurs ont par conséquent transmis des données erronées au système de pilotage automatique, ce qui a limité "la poussée délivrée par les moteurs". L'avion a alors ralenti son allure de 30% en l'espace de cinq minutes, avant de décrocher complètement puis de finalement s'écraser moins d'une heure après son décollage.

"Les paramètres enregistrés indiquent qu'il n'y a pas eu de manœuvre de récupération du décrochage réalisée par l'équipage", lit-on dans le communiqué.

Deux autres incidents similaires. Le BEA, qui doit publier en décembre son rapport final sur ce crash, fait part "d'au moins deux événements similaires" en juin 2012 sur la Spirit Airlines et en juin 2014 sur la Swiftair, liés à un givrage de capteurs sur des appareils McDonnel Douglas. Mais ces événements n'ont pas eu de conséquences graves parce que les pilotes ont su détecter le problème et y mettre fin.

Le BEA indique par ailleurs que ces premiers résultats de l'enquête "devront servir de base à la publication prochaine de mesures correctrices visant à aider les équipages à identifier et faire face à une situation similaire à celle rencontrée lors de cet accident". 

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