1:47
  • Copié
Walid Berrissoul et A.D
L'homme, arrêté il y a un an par les militaires français, avait été filmé détruisant des lieux saints à Tombouctou. Il a choisi de plaider coupable.

Le procès qui vient de s'ouvrir ce lundi à 9h à la Cour pénale internationale de la Haye est exceptionnel. Il s'agit de celui d'un djihadiste malien accusé d'avoir détruit des mausolées sacrés à Tombouctou - aujourd'hui reconstruites à l'identique - quand la ville était sous le joug de groupes islamistes radicaux il y a quatre ans. Les images de ces monuments en argile ocre classés au patrimoine de l'humanité, abattus au nom de l'islam, avaient fait le tour du monde.

"A coups de pioches et pelles". Aujourd'hui, ces images sont autant de preuves qui permettent de présenter le maître d'oeuvre de ces crimes, Ahmad al-Mahdi, devant ses juges. L'homme, capturé il y a un an par les militaires français, avait déployé des dizaines de djihadistes vêtus de gilets "police islamique" pour détruire dix lieux saints de Tombouctou. Comme tous les habitants de la ville, l'un des notables se souvient du rôle et des exactions du djihadiste : "Il était impliqué, ça, c'est évident. Ils sont venus à coups de pioches, à coups de pelles. Tous les mausolées qui les intéressaient, ils les ont mis à terre. Ils ont fait ça au moment où tout le monde était là, donc bien des gens ont pu peut-être les identifier et donner des noms." 

Éradiquer le passé. Pour identifier les auteurs, le substitut du procureur de La Haye, Gilles Dutertre a aussi fait travailler ses enquêteurs sur les vidéos de propagande où les djihadistes revendiquent la destruction de cette mémoire ancestrale. Un travail minutieux de collecte de preuves pour un "procès d'envergure historique", dit ce magistrat. "Détruire jusqu'au sol de tels éléments a pour effet d'éradiquer le passé comme s'il n'avait jamais existé. Ce sont les racines d'un peuple et on attend qu'un message soit envoyé : qu'il s'agit d'un crime de guerre puni de façon ferme quand il vient devant la Cour pénale internationale."

Plaider coupable. Pour la première fois dans l'histoire de cette juridiction, l'accusé a dit vouloir plaider coupable, ce qui pourrait permettre à la justice internationale de traquer d'autres responsables de ce régime de terreur imposé à la population du nord Mali.