Côte d'Ivoire : quatre Français tués dans l'attaque

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Des soldats ivoiriens près des lieux de l'attaque dimanche. © SIA KAMBOU / AFP
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avec AFP , modifié à
L'Elysée a annoncé que quatre victimes françaises sont désormais à déplorer, après l'attaque d'un commando djihadiste dans une station balnéaire, dimanche. 

Après le Burkina et le Mali, la Côte d'Ivoire a été la cible dimanche d'une attaque djihadiste, revendiquée par Aqmi. Un commando armé a fait 18 morts dans la station balnéaire très populaire de Grand-Bassam. Quatre Français ont été tués, a annoncé lundi l'Elysée. C'est le premier attentat de ce type dans le pays.

Les principales infos à retenir :

  • Quatre Français ont été tués, a annoncé lundi l'Elysée
  • Le bilan s'est alourdi lundi, avec 18 morts, dont 15 civils et trois membres des forces de sécurité. 33 blessés sont également à déplorer
  • L'attaque, intervenue dimanche à la mi-journée, a été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi)

Quatre Français tués. Quatre Français font partie des victimes, a annoncé l'Elysée dans un communiqué, lundi. Le bilan s'est alourdi avec 15 civils et trois membres des forces spéciales tués, ainsi que 33 blessés. Trois assaillants ont par ailleurs été tués, selon le ministre ivoirien de l'Intérieur. 

Une ressortissante allemande, la directrice de l'Institut Goethe à Abidjan a également été tuée. De source proche du dossier, des ressortissants du Liban, du Burkina Faso et du Mali figurent aussi parmi les morts.

Ayrault et Cazeneuve attendus sur place. Le président français François Hollande a dénoncé un "lâche attentat", promettant "soutien logistique et de renseignement pour retrouver les agresseurs". Le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault et le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve se rendront mardi à Abidjan pour exprimer la solidarité de la France, selon l'entourage du ministre des Affaires étrangères. La justice française a ouvert une enquête pour assassinat terroriste, en raison de la présence de victimes françaises. 

Aqmi revendique l'attaque. Le président Alassane Ouattara, qui s'est rendu sur les lieux, à une vingtaine de kilomètres à l'est d'Abidjan, a dénoncé une attaque "terroriste", revendiquée dans la soirée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). L'organisation terroriste a indiqué que l'attaque avait été menée par "trois héros". Elle avait déjà revendiqué l'attentat du 15 janvier dernier dans un hôtel de Ouagadougou qui était également fréquenté par des étrangers. Lundi, un téléphone portable a été retrouvé sur les lieux. Il pourrait faciliter l'enquête.

Comme l'attaque de Sousse en Tunisie. L'attaque rappelle celle d'un hôtel à Sousse en Tunisie qui a fait 38 morts le 26 juin, revendiquée par l'organisation État islamique (EI). Elle suit plusieurs attaques en Afrique de l'Ouest visant des lieux fréquentés par des étrangers, à Bamako (20 morts dont 14 étrangers le 20 novembre) et Ouagadougou (20 morts). 

alassane ouattara

"Tout le monde s'est mis à courir". L'attaque a débuté à 12h30 quand "six hommes armés sont venus sur la plage (de l'hôtel l'Etoile du sud) de Grand-Bassam (...) et ont commencé à tirer sur les touristes, les clients", a déclaré Alassane Ouattara. "Les forces spéciales ivoiriennes sont intervenues dès 13h15 (et) ont réussi à neutraliser les six terroristes", a-t-il dit.

"On était sur la plage, on a entendu des coups de feu et on a vu des gens fuir, on a compris que c'était une attaque", a raconté Braman Kinda qui a vu les assaillants parcourir la plage "en tirant des coups de feu". Le prince français Charles-Philippe d'Orléans, arrivé sur la plage peu avant l'attaque, a raconté au magazine Paris Match avoir cru entendre "un pétard", qui était "sans doute un calibre 22 LR". "Il y avait un monde fou sur cette plage (...) Tout le monde s'est figé un instant. Puis il y a eu un second coup de feu, du 9 mm sans doute, et là, tout le monde s'est mis à courir dans tous les sens".

Abbas El-Roz, un ressortissant libanais qui séjournait à l'Étoile du Sud, a raconté que l'un des assaillants portait un fusil d'assaut Kalachnikov et une ceinture de grenades. Un autre témoin, Kouamena Kakou Bertin, transporteur, a affirmé que trois assaillants s'étaient enfuis à pied par la route. L'attaque a provoqué des scènes de panique, plusieurs centaines de personnes tentant de quitter la zone quadrillée par d'importantes forces militaires.

attentat

Des hôtels fréquentés par les expatriés. Ville historique et ancienne capitale coloniale sur la côte du Golfe de Guinée, Grand-Bassam abrite plusieurs hôtels fréquentés par une clientèle d'expatriés le long d'une plage où afflue la population abidjanaise en fin de semaine. C'est la première fois que le pays est la cible d'une attaque contre une zone touristique, alors que le secteur se remet lentement de dix ans de crise socio-politique. La Côte d'Ivoire, frontalière du Mali dont les djihadistes ont un temps occupé le nord avant d'être chassés par une intervention militaire française, avait jusqu'ici été épargnée par les attentats de masse.

Mais nombre d'analystes s'attendaient à ce qu'elle soit visée, comme le Sénégal, pays très touristique. Dans une interview au site mauritanien Al-Akhbar en janvier, un chef d'Aqmi, Yahya Abou El Hamame, menaçait les alliés des "Croisés" de "les frapper, ainsi que les intérêts occidentaux chez eux". La Côte d'Ivoire participe à la force de l'ONU déployée au Mali et un peu plus de 550 militaires français sont stationnés dans le pays.