Comment former l'armée malienne ?

Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian s'est rendu à Vannes mardi.
Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian s'est rendu à Vannes mardi. © Max PPP
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Charles Carrasco avec Pierre-Baptiste Vanzini , modifié à
REPORTAGE - Au 3e Rima, on se prépare à cette mission, en insistant sur le droit "humanitaire".

La mission. Elle doit permettre à une armée malienne, mal préparée au combat, de pouvoir reconquérir et maîtriser son territoire. La mission européenne de conseil et de formation des forces armées maliennes (EUTM) pourrait être pleinement opérationnelle à la mi-mars. Mardi, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian a rendu visite au 3e Régiment d'infanterie (Rima) à Vannes, où des soldats se préparent pour cette mission très particulière.

"Dans les jours qui viennent, ce sont au moins 120 personnels militaires français qui vont être déployés pour former le noyau dur de cette mission européenne", a-t-il déclaré lors de sa visite. Dans le cadre de cette formation, à la demande de la France, sera incluse une "formation au droit international humanitaire, ainsi qu'à la protection des civils", a ajouté le ministre.

Lutter contre les "rancœurs". C'est tout l'enjeu pour le colonel Thierry Marchand, un de conseillers du ministre de la Défense, car cette notion fondamentale doit également être transmise. "Il y a des rancœurs extrêmement fortes entre le Nord et le Sud. Pour nous, il est vraiment indispensable de pouvoir poser dans les bases de cette formation des règles qui pour nous sont évidentes et qui sont connues mais qui, pour ces gens-là, sont un peu lointaines", a-t-il expliqué eu micro d'Europe 1.

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© Max PPP

Comprendre la culture malienne. La mission commencera par assurer la formation de la chaîne de commandement avant de former les premiers bataillons en avril. 50 instructeurs français du 2e régiment d'infanterie de marine seront au cœur de cette force européenne. Parmi eux, le lieutenant Jaffrelot. Son premier travail va être de comprendre la culture malienne. "L'instruction que l'on est capable de faire à des soldats français, il va falloir adapter nos connaissances et nos pratiques à leur façon de vivre et à leur pays", a-t-il assuré.

Une des données fondamentales au Mali est la religion musulmane et c'est grâce aux valeurs du Coran qu'il compte trouver la clé pour passer le message du respect des droits de l'homme. "C'est un de leurs piliers. Etre meilleur pour être un bon croyant et je pense que pour être meilleur, cela passe aussi par le respect des autres. Je pense que ce ne sera pas un problème mais plutôt quelque chose qui est dans leur mode de vie", a-t-il affirmé au micro d'Europe 1.

Faire revenir les soldats à l'arrière. Quinze pays européens souhaitent participer à la mission. A Bamako, le général François Lecointre, qui doit diriger la mission, avait déclaré jeudi que les premiers soldats maliens entameraient leur formation "à la fin mars, début avril" sur la base militaire de Koulikoro, à environ 200 kilomètres de la capitale. Selon le colonel Thierry Marchand, quatre bataillons de 650 soldats maliens devraient suivre la formation au cours de la première année. La mission doit comprendre 491 personnes, dont 172 formateurs. En tant que nation cadre, la France propose d'envoyer 150 personnes, assurant 22 des 60 postes de commandement.

Mais il y aura une difficulté particulière dans cette mission : les régiments maliens sont tous au front. Il va falloir trouver un moyen de les faire revenir à l'arrière un par un pour les former. Tout cela va demander du temps.