Colombie : le pape appelle à "fuir toute tentation de vengeance"

Le pape François aux cotés du président colombien Juan Manuel Santos, sur la place d'Armes du palais présidentiel Casa de Nariño.
Le pape François aux cotés du président colombien Juan Manuel Santos, sur la place d'Armes du palais présidentiel Casa de Nariño. © AFP
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avec AFP , modifié à
Arrivé mercredi pour une visite de cinq jours, le pape a appelé la Colombie à chercher la paix "sans répit", après plus d'un demi-siècle de guerre. 

Le pape François a appelé jeudi la Colombie à "fuir toute tentation de vengeance" et à chercher la paix "sans répit", lors du premier discours de sa visite dans ce pays en voie de pacification après plus d'un demi-siècle de guerre. "La recherche de la paix est un travail toujours inachevé, une tâche sans répit et qui exige l'engagement de tous", a déclaré le pape à Bogota, devant les autorités politiques et religieuses, en appelant à "fuir toute tentation de vengeance".

"Guérir les blessures". Dans ce discours prononcé devant quelque 700 personnes rassemblées sur la place d'Armes du palais présidentiel Casa de Nariño, le pape, arrivé la veille pour une visite de cinq jours, a encouragé les Colombiens à s'efforcer de "fuir toute tentation de vengeance et de recherche d'intérêts uniquement particuliers et à court terme". Soulignant que la société "n'est pas constituée uniquement par quelques 'pur-sang', mais par tous", il a affirmé que "plus difficile est le chemin qui conduit à la paix et à l'entente, plus nous devons nous engager à reconnaître l'autre, à guérir les blessures et à construire des ponts, à serrer les liens et à nous entraider".

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Source : AFP

Poser le regard sur ceux qui "sont mis à l'écart". Le pape argentin, qui rencontre le président Juan Manuel Santos en privé, a souligné qu'"il faut des lois justes pouvant garantir cette harmonie et aider à surmonter les conflits qui ont déchiré cette nation durant des décennies ; des lois qui ne naissent pas de l'exigence pragmatique de mettre de l'ordre dans la société, mais du désir de s'attaquer aux causes structurelles de la pauvreté qui génèrent exclusion et violence".

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Source : AFP

"Dans cette perspective, je vous encourage à poser le regard sur tous ceux qui, aujourd'hui, sont exclus et marginalisés par la société, ceux qui ne comptent pas pour la majorité et qui sont repoussés et mis à l'écart", a ajouté François, 80 ans, au deuxième jour de sa première visite pontificale en Colombie, qui le mènera également à Villavicencio, Medellin et Carthagène des Indes, d'où il repartira dimanche pour Rome.

Un accord de paix historique avec les Farc. Le pape soutient le processus de paix engagé par Juan Manuel Santos, qui a signé en novembre un accord de paix historique avec la puissante guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), aujourd'hui reconvertie en parti politique légal. Par ailleurs, le premier cessez-le-feu bilatéral jamais conclu avec l'Armée de libération nationale (ELN), dernière rébellion active en pourparlers depuis février, a été conclu lundi, deux jours avant l'arrivée du pape à Bogota.

La guerre fratricide, qui déchire la Colombie depuis le début des années 1960, a au fil des décennies impliqué une trentaine de guérillas, des milices paramilitaires et les forces de l'ordre, faisant quelque 260.000 morts, plus de 60.000 disparus et au moins 7,1 millions de déplacés.