Colère en Italie après la mort mystérieuse d'un étudiant supplicié au Caire

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© MOHAMED EL-SHAHED / AFP
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C.C , modifié à
La mort mystérieuse d'un étudiant italien au Caire, manifestement torturé, crée des tensions avec Rome qui exige des réponses. 

Il était doctorant dans la prestigieuse université de Cambridge. Giulio Regeni, étudiant italien de 28 ans, se trouvait au Caire pour des recherches sur l'action des syndicats ouvriers depuis la révolte égyptienne de 2011 lorsqu'il a disparu le 25 janvier puis a été retrouvé une semaine plus tard après avoir vraisemblablement été torturé. En Italie, la colère gronde à mesure que la presse distille les éléments relevés lors de l'autopsie réalisée à Rome ce week-end, juste après le rapatriement du corps. Retour sur cette affaire qui embrase l'Italie et embarrasse l'Egypte. 

Une mystérieuse disparition. Le corps de cet étudiant italien a été retrouvé dans un fossé, une semaine après sa disparition. Les éléments relevés lors de l'autopsie réalisée à Rome ce week-end sont particulièrement sordides. Le quotidien La Repubblica précise que les bourreaux de Giulio Regeni ont arraché tous ses ongles de pied et de main. Ces indices, additionnés à de multiples hématomes et ecchymoses, accréditent l'hypothèse qu'il a été torturé avant d'être tué. Doctorant, il avait dénoncé dans plusieurs publications anonymes les difficultés auxquelles les syndicats ouvriers se heurtent depuis l'arrivée d'Abdel Fattah al-Sissi au pouvoir. 

En Italie, la colère gronde. Les tueurs sont "des êtres inhumains, des animaux", s'est indigné le ministre italien de l'Intérieur Angelino Alfano. Les autorités transalpines ont exigé lundi que les "vrais responsables" du supplice de Giulio Regeni soient identifiés et punis. "Nous ne nous contenterons pas de demi-vérités. Nous voulons que les vrais responsables soient identifiés et punis selon la loi", a martelé le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni. A l'annonce du décès de cet étudiant italien, une délégation d'entrepreneurs italiens en visite en Egypte a annoncé qu'elle abrégeait son voyage, et ce alors qu'un contrat d'exploitation d'hydrocarbures d'un montant de 7 milliards d'euros est actuellement à l'étude entre les deux pays. 

En Egypte, un embarras manifeste. La police égyptienne affirme que toutes les hypothèses restent ouvertes, dont celle du crime crapuleux. La dépouille de Giulio Regeni a été retrouvée dans une zone connue à la fois pour être un fief des islamistes radicaux et le siège de deux sinistres prisons des services de sécurité, précise Libération. En réalité, l'embarras est manifeste au Caire où les milieux diplomatiques évoquent avec insistance une possible bavure policière de la Mukhabarat, la police du régime. Sur les réseaux sociaux et dans les médias, la société civile égyptienne fait d'ailleurs le parallèle entre la mort de Giulio Regeni, et les nombreuses disparitions forcées recensées en Egypte depuis la Révolution.