Chine : "vives inquiétudes" de l'UE après la détention de citoyens européens

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avec AFP , modifié à
INQUIETUDE - DIPLOMATIE - L'Union européenne se dit très préoccupée par la détention de plusieurs citoyens européens en Chine.

L'ambassadeur de l'Union européenne en Chine a exprimé mercredi ses "vives inquiétudes" après la détention par Pékin de plusieurs citoyens de l'UE, quelques heures après la diffusion par la télévision d'Etat de "confessions" d'un militant suédois détenu par les autorités.

Le Suédois aurait "blessé les sentiments" des Chinois. Peter Dahlin, employé de l'ONG "Chinese Urgent Action Working Group", a été interpellé il y a deux semaines alors qu'il s'apprêtait à embarquer pour la Thaïlande à l'aéroport de Pékin, une arrestation intervenue en pleine répression d'avocats défenseurs des droits de l'Homme. La télévision publique CCTV a diffusé mardi soir une vidéo de "confessions" du Suédois dans laquelle il déclare avoir "violé la loi chinoise par ses activités" dans le pays. "J'ai blessé les sentiments du peuple chinois. Je m'excuse sincèrement pour cela", a-t-il ajouté dans un style compassé.

Une accusation rare. L'ONG a déclaré se donner pour mission d'assurer en Chine la formation de défenseurs des droits de l'Homme demandant réparation pour des abus présumés des autorités. "Je n'ai pas à me plaindre", a assuré le Suédois dans la vidéo. "Je pense avoir été traité de façon juste". Ce type de "confession télévisée", avant même un quelconque procès, est une pratique courante en Chine, où la justice reste étroitement soumise au pouvoir politique. Pékin n'accuse qu'à de rares occasions des ressortissants étrangers de mise en danger de la sécurité d'Etat, un crime pouvant faire l'objet d'une lourde peine.

Un tendance "extrêmement préoccupante". L'UE est "profondément inquiète" d'affaires comme celle impliquant Peter Dahlin, a déclaré l'ambassadeur européen, Hans-Dietmar Schweisgut, mercredi à la presse. "Nous constatons une tendance extrêmement préoccupante", a-t-il indiqué. L'ambassade de Suède à Pékin a dit mercredi avoir "pris note des reportages dans les médias mais n'avoir rien à dire de plus sur cela", tout en assurant "continuer de travailler intensément" avec le gouvernement chinois sur le sujet. 

L'"affaire Dahlin" intervient après la troublante réapparition en Chine continentale de deux libraires hongkongais disparus, des ressortissants de pays européens employés par une maison d'édition connue pour ses ouvrages critiques de Pékin. La disparition des deux hommes - l'un à Hong Kong, l'autre en Thaïlande - a alimenté les craintes d'interventions hors de leurs frontières des autorités chinoises. Lee Bo, titulaire d'un passeport britannique, et Gui Minhai, ressortissant suédois, sont tous deux nés en Chine et auraient préparé un livre sur la vie amoureuse du président chinois Xi Jinping.