Chine : un dissident inculpé après avoir obtenu un prix en France

La famille de Huang Qi a été informée de son inculpation la semaine dernière.
La famille de Huang Qi a été informée de son inculpation la semaine dernière. © AFP
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avec AFP , modifié à
L'homme, qui venait de recevoir un prix pour sa défense de la liberté de la presse, a été inculpé pour "divulgation de secrets d'Etat". 

Un vétéran de la cyberdissidence a été inculpé en Chine pour "divulgation de secrets d'Etat" après avoir obtenu en France un prix pour sa défense de la liberté de la presse, a annoncé jeudi Amnesty International.

Une accusation fréquemment employée. Huang Qi, qui a eu maille à partir avec le régime chinois depuis l'an 2000, a été arrêté début novembre à Chengdu, dans le sud-ouest, peu après avoir obtenu le prix Reporters sans frontières - TV5 Monde de la liberté de la presse, a indiqué l'organisation de défense des droits de l'Homme dans un communiqué. Selon Amnesty, sa famille a été informée la semaine dernière qu'il avait été inculpé pour divulgation de secrets d'Etat à l'étranger, une accusation fréquemment employée contre les opposants politiques et qui peut valoir de nombreuses années de prison.

Son site internet bloqué. "Il a peut-être été arrêté en raison de l'attention internationale qu'il a reçue ainsi que son site internet", a déclaré Patrick Poon, un des responsables Chine d'Amnesty International. Son site internet, "64 Tianwang", est bloqué en Chine continentale où ses articles, titrés par exemple "Des fonctionnaires locaux poignardent un militant" ou "Des gangsters arrêtent un manifestant", ne peuvent être lus.

Plusieurs condamnations. Huang Qi avait déjà reçu en 2004 le prix RSF du cyberdissident après avoir été condamné quatre ans plus tôt. Il avait alors été le premier opposant chinois à purger une peine de prison pour avoir utilisé internet à des fins politiques. En 2009, il était à nouveau condamné, cette fois à trois ans de prison, après avoir dénoncé le mauvais état de la construction des écoles qui s'étaient effondrées l'année précédente lors du tremblement de terre du Sichuan (87.000 morts). Huang Qi avait confié l'an dernier avoir fait l'objet de violences physiques pendant sa détention. Mais il estimait que le régime communiste appréciait son travail, sa dénonciation des injustices se conjuguant à la lutte contre la corruption engagée par le président Xi Jinping.