Chine : devant ses juges, Bo Xilai nie

Le dirigeant déchu Bo Xilai, au coeur du plus retentissant scandale ayant ébranlé le Parti communiste chinois depuis des décennies, comparaissait jeudi devant ses juges, dans un procès étroitement contrôlé par les autorités.
Le dirigeant déchu Bo Xilai, au coeur du plus retentissant scandale ayant ébranlé le Parti communiste chinois depuis des décennies, comparaissait jeudi devant ses juges, dans un procès étroitement contrôlé par les autorités. © REUTERS
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avec AFP , modifié à
L'ancien dirigeant est poursuivi pour corruption, détournement de fonds et abus de pouvoir.

Le dirigeant déchu Bo Xilai, au coeur du plus retentissant scandale ayant ébranlé le Parti communiste chinois depuis des décennies, comparaissait jeudi devant ses juges, dans un procès étroitement contrôlé par les autorités.

Un microblogging de l'audience. Bo Xilai , 64 ans, poursuivi pour corruption, détournement de fonds et abus de pouvoir, a pris place sous très haute sécurité dans le box des accusés du tribunal populaire de Jinan, dans l'est de la Chine. Le compte-rendu des débats n'était accessible que par des microblogs diffusés par la cour pénale. Trois heures après le début de l'audience, c'est par ce canal qu'a été publiée une photographie de l'ex-membre du puissant Bureau politique du comité central du PC chinois.

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Première apparition publique depuis 17 mois. Encadré par deux policiers, habillé d'une chemise blanche et d'un pantalon noir, l'ancien dirigeant est apparu avec un visage plus émacié qu'auparavant, les tempes poivre et sel et légèrement voûté. Placé en détention en mars 2012, le charismatique "prince rouge" n'avait pas été vu en public depuis 17 mois. "J'espère que je vais être jugé avec raison et équité, en conformité avec la procédure judiciaire chinoise", a déclaré Bo Xilai, selon le tribunal. Il s'agit d'un dossier "extrêmement compliqué", avait prévenu le juge en chef, Wang Xuguang.

Il encourt la peine de mort. Le procureur a, de son côté, détaillé les accusations à l'encontre de Bo, qui encourt la peine de mort. Ces faits reprochés couvrent une douzaine d'années, de 1999 à début 2012. L'ancien ministre du Commerce et ex-grand patron des métropoles de Dalian, dans le nord-est et de Chongqing, dans le sud-ouest, est officiellement accusé d'avoir reçu en pots-de-vin, avec son épouse Gu Kailai et leur fils Bo Guagua, 21,79 millions de yuans (2,67 millions d'euros) de deux hommes d'affaires, Tang Xiaolin et Xu Ming.

Corruption et abus de pouvoir. Accusé de corruption et détenu depuis plus d'un an, Xu Ming dirigeait le groupe Shide et était propriétaire notamment d'une équipe de football, qui avaient leur siège à Dalian, où Bo Xilai avait entamé son ascension politique, comme maire et chef du Parti communiste. Bo Xilai devait également répondre du détournement de 5 millions de yuans (612.000 euros) de fonds publics d'une agence gouvernementale, en les faisant transiter par des comptes bancaires de son épouse, ancienne avocate d'affaires.

L'ancien dirigeant n'a soulevé "aucune objection" après qu'on lui a présenté les éléments d'accusation avancés par le parquet, qu'il a estimé "objectifs". Il a toutefois contesté avoir reçu certains pots-de-vin. On lui reproche enfin toute une série d'abus de pouvoir commis alors qu'il régnait en maître absolu à Chongqing. Ces infractions avaient pour but d'entraver l'enquête criminelle visant son épouse, reconnue coupable en août 2012 de l'assassinat d'un Britannique qui était proche du couple. L'affaire Bo Xilai a surtout lourdement pesé pendant toute l'année 2012 sur l'organisation du 18e congrès du PC chinois qui a renouvelé l'équipe dirigeante de la deuxième puissance économique mondiale.