Cette danseuse qui affole la Scala

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avec agences , modifié à
L'Italienne Mariafrancesca Garritano dénonce un milieu gangréné par l'anorexie.

Le petit monde de la danse est en ébullition. Les interviews répétées d'une danseuse soliste de la Scala de Milan en Italie, récemment licenciée, font des remous. Et pour cause, puisque Mariafrancesca Garritano dénonce le fléau de l'anorexie et met en cause les responsabilités de l'école de ballet. Agée de 33 ans, la danseuse avait déjà publié en 2010 un livre sur le sujet, intitulé La vérité sur la danse, s'il vous plaît !, dans lequel elle racontait son histoire et le drame de l'anorexie.

Un fruit et un yaourt par jour

Mariafrancesca Garritano est entrée à 16 ans à la Scala. Dans un entretien accordé samedi au quotidien italien Il Corriere della Sera, elle raconte que lorsqu'elle était élève, la pression très forte mise sur les danseuses les poussait à ne presque pas d'alimenter. "Quand j'étais à l'école de danse, beaucoup de filles, moi comprise, n'avions plus nos règles à cause des régimes punitifs que nous nous imposions. Nous nous contentions d'un fruit et d'un yaourt par jour, en puisant dans l'adrénaline pour arriver jusqu'à la fin des entraînements", déclare Mariafrancesca Garritano. L'Italienne affirme être en contact avec des danseuses qui lui racontent que rien n'a changé aujourd'hui par rapport à son époque.

En décembre dernier, dans une interview au journal britannique The Observer, elle allait encore plus loin en accusant la Scala de pousser ses danseuses à se nourrir le moins possible.

Pour l'institution milanaise, ces accusations sont "complètement fausses" et portent préjudice "à l'image du théâtre et de son école de ballet".

"Mariafrancesca Garritano décrit une histoire personnelle qu'elle a vécu il y a quinze ans, en laissant entendre que la situation du théâtre est restée la même aujourd'hui. Ce qu'elle dit ne correspond pas à la réalité ", estime un porte-parole de la Scala, selon lequel "la gestion du corps de ballet a totalement changé depuis six ans".

Après le licenciement de la danseuse, l'institution italienne a affirmé regretter cette situation, tout en indiquant qu'elle "ne peut soutenir une campagne contre le théâtre et le monde de la danse en général que nous ne partageons pas et dont nous nous sentons les victimes".

Le monde de la danse divisé

Quelques danseurs ont réagi à ses déclarations, rares dans le monde de la danse. Pour Michele Villanova, 47 ans, renchérit. "Une ballerine sur cinq de la Scala à mon époque souffrait de troubles alimentaires et en souffre encore aujourd'hui". Selon cette danseuse, "les danseurs ont peur de parler de cela et ce qui est arrivé à Garritano explique bien pourquoi".

A l'inverse, la danseuse de l'Opéra de Paris Eleonora Abbagnato réfute les accusations de  Mariafrancesca Garritano. "J'ai travaillé dans beaucoup de théâtres en Italie et je n'ai pas vu d'anorexiques, ni de professeurs qui poussent les ballerines à être obsédées par leur poids", conteste-t-elle.