Ces Israéliens en guerre contre le service militaire

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LA FRONDE - Le Parlement a fait passer une loi controversée qui devrait contraindre les Juifs ultra-orthodoxes à servir.

L’INFO. Non, ils ne veulent pas servir sous les drapeaux. Des Juifs ultra-orthodoxes se mobilisent mercredi contre le service militaire, dans plusieurs villes israéliennes. Depuis quelques années, parmi les jeunes qui ne se soumettent pas à la conscription, la part de ceux qui invoquent de motifs religieux augmentent. Mercredi dernier, la Knesset, le Parlement israélien, a donc voté une loi les obligeant à servir leur pays au même titre que les autres citoyens israéliens, sous les drapeaux pendant trois ans dès 18 ans.

L'ultra-orthodoxie dans le viseur du Parlement. Cette nouvelle mesure suscite depuis plusieurs mois une fronde ultra-religieuse. Le 2 mars, ils étaient 300.000 à manifester à Jérusalem contre ce projet de réforme, une "persécution religieuse" selon eux. Lituaniens, hassidiques ou encore séfarades, les ultra-orthodoxes représentent 10% de la population israélienne.

Juif

© Reuters / Des ultra-orthodoxes prient pendant une manifestation

Frédéric Encel, professeur à Sciences po Paris et spécialiste d’Israël, tente d’expliquer à Radio Vatican cette exception dont profitent les ultra-orthodoxes depuis la création de l’Etat en 1948 : "Ils risquent de rencontrer des femmes soldats, de ne pas toujours manger strictement casher, de ne pas pouvoir prier aux heures qui leur conviennent et surtout, ils risquent d’être sollicités pendant le sacro-saint shabbat."

Les étudiants des yeshivas, les écoles d'études de la Torah, étaient donc exemptés du service militaire s’ils étudiaient à temps plein. Mais selon Radio Vatican, les abus se sont multipliés ces dernières années.

Les objecteurs de conscience se cachent moins. En Israël, le service militaire a longtemps été considéré comme un rite de passage qui forgeait la citoyenneté et l’appartenance à la nation. Mais les mentalités évoluent et cette image tend à s’étioler.

Les objecteurs de conscience osent se montrer. Il y a deux semaines, 50 jeunes publiaient une lettre ouverte au Premier ministre Netanyahu. Ils revendiquaient leur refus de servir, au risque de terminer en prison –dans les faits, rares sont les objecteurs de conscience à atterrir sous les verrous, comme l’explique le mouvement pacifiste Yesh Gvul ("Il y a des limites").

Ces jeunes dissidents critiquent "les violations des droits de l’homme" en Cisjordanie, les "exécutions, la construction de colonies, les détentions administratives (de Palestiniens, ndlr.), la torture, les punitions collectives et une répartition injuste de l’eau et de l’électricité", qu’ils n’entendent pas cautionner en servant leur pays.

Israéliennes soldats armée tsahal

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Une palette élargie pour les femmes. Mais parmi ceux qui échappent au service militaire se trouve surtout une majorité de femmes. En Israël, les femmes doivent faire leurs classes, au même titre que les hommes, même si leur service militaire ne dure que deux ans, contre trois pour leurs homologues masculins.

Selon le quotidien de gauche Haaretz, 35% des femmes ne sont pas allées servir sous les drapeaux en 2007. Les Israéliennes profitent d’une palette d’arguments élargie pour éviter la conscription : leur croyance (les juives orthodoxes ne sont pas obligées de servir), mais aussi la situation maritale, qui ne peut être un argument pour les Israéliens.

Selon les chiffres, entre 25 et 50% des jeunes ne font pas leur service militaire dans ce pays qui vit en guerre permanente depuis sa création.

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