Ces Etats dont la jeunesse a des envies d'ailleurs

© ERIC CABANIS / AFP
  • Copié
, modifié à
MIGRATION - Si l’appel de l’étranger est moins fort en Asie du Sud-Est et au Maghreb, il est de plus en plus prononcé en Asie centrale et dans les pays arabes.

A l'heure où l'Europe se pose des questions sur les phénomènes migratoires, l'Organisation internationale du travail (OIT) a publié mardi un rapport qui devrait l'interesser puisqu'il esquisse les grandes tendances à venir. Ce document consacré aux perspectives économiques et sociales des jeunes dans le monde consacre en effet un chapitre au "Désir d’émigrer" des 15-29 ans. Zoom sur les envies d'ailleurs des adultes de demain.

Un jeune sur cinq tenté par l’exil. Premier constat dressé par le rapport 2015 de l’OIT publié mercredi : 20% des jeunes (âgés de 15 à 29 ans) interrogés déclarent souhaiter émigrer dans un autre Etat de manière pérenne. Et l’étude de préciser que, contrairement aux idées reçues, ce taux "reste relativement stable depuis 2009". Mais "ce nombre pourrait continuer à croître pendant la prochaine décennie", prévient l’OIT.

Les régions et les pays les plus touchés. Le taux de 20% des jeunes tentés par l’émigration est cependant une moyenne qui cache de très importantes disparités. L’Afrique sub-saharienne et la zone Amérique latine – Caraïbes sont les régions les plus concernées par cet appel de l’étranger, puisque 38% des jeunes sondés ont déclaré vouloir quitter leur pays (cf infographie en fin d’article). Viennent ensuite dans l’ordre l’Europe de l’Est (37%), l’Europe occidentale (35%), l’Afrique du Nord, la zone Proche-Orient - péninsule arabique, l’Asie centrale, l’Asie du Sud-Est et enfin l’Asie du Sud.

Ces zones ne sont cependant pas homogènes. A l’intérieur d’un même espace géographique, certains pays satisfont leur jeunesse  et d’autres beaucoup moins. Ainsi, alors que 77% des jeunes déclarent vouloir quitter la Sierra Leone, ils sont moins de 15% à Madagascar. Même grand écart en Europe occidentale : le Luxembourg est l’Etat dont les jeunes ont le moins envie de partir (moins de 10%) alors que près de 80% des jeunes Albanais souhaitent partir.  Sans surprise, on retrouve également parmi les pays dont la jeunesse a des envies d’ailleurs des Etats en situation critique, à l’image de l’Afghanistan et de la Corée du Nord.

Cette étude compare par ailleurs les résultats de 2009 avec ceux de 2015, permettant ainsi de voir quelles régions arrivent de plus en plus à conserver leur jeunesse et lesquelles font de plus en plus figure de repoussoir. Ainsi, la part de jeunes voulant émigrer a reculé en Asie du Sud et du Sud-Est, en Amérique du Nord et en Afrique du Nord. A l’inverse, l’appel de l’étranger est devenu plus fort en Amérique latine, en Europe, au Proche-Orient et en Asie centrale.

Les raisons de cette volonté d’exil. L’OIT liste les principales raisons  qui poussent certains jeunes à vouloir émigrer, des motifs déjà connus : "un taux de chômage élevé, le risque grandissant de devenir travailleur pauvre, le manque d’opportunités professionnelles intéressantes". La forte croissance économique en Asie du Sud-Est explique ainsi pourquoi les candidats à l’émigration y sont moins nombreux qu’en 2009. Mais cette volonté de partir n’est pas liée qu’au seul contexte économique : l’OIT souligne également le rôle des conflits armés, des catastrophes naturelles, des tensions géopolitiques ou encore des persécutions de certaines minorités.

Sans surprise, ces jeunes intéressés par l’exil se tournent principalement vers des Etats en bonne santé économique, si possible démocratiques. Ainsi, parmi ceux qui ont quitté leur pays d’origine, un peu plus de 52% résident aujourd’hui dans des pays développés. 

26.08.Infographie emigration OIT.640.750