Centrafrique : Hollande appelle au calme

La tension est encore montée d'un cran dimanche en Centrafrique
La tension est encore montée d'un cran dimanche en Centrafrique © Max PPP
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Charles Carrasco et Thomas Morel avec agences , modifié à
Le président demande que tout soit fait pour garantir la sécurité des Français.

>> L'info. Dans un communiqué publié dimanche soir, François Hollande a appelé à la fin des hostilités. Il a ainsi affirmé suivre "avec la plus grande attention" les développements dans le pays, et "appelle toutes les parties à cesser les hostilités et à dialoguer". "La France rappelle également que toutes les mesures pour garantir la sécurité des communautés française et étrangères doivent être prises par les autorités en place", ajoute le communiqué.

• Vers un gouvernement d'union ? Les rebelles centrafricains, en position de force, ont demandé dimanche le départ du président François Bozizé. De son côté, celui-ci s'est dit prêt à former un gouvernement d'union nationale avec les rebelles, et a déclaré qu'il ne briguerait pas un troisième mandat en 2016. Malgré ces déclarations, il reste beaucoup de chemin à parcourir avant que les rebelles ne déposent les armes. Dimanche, ils ont expliqué qu'ils attendaient la mise en oeuvre de ces promesses avant de se retirer, tout en assurant qu'ils feraient preuve de retenue sur le terrain.

• Renforts français. Près de 180 militaires français sont arrivés dimanche dans la capitale centrafricaine, a annoncé le ministère de la Défense. Ces militaires, en provenance du Gabon, doivent "assurer si nécessaire la sécurité des ressortissants et des emprises diplomatiques françaises", précise le ministère. Cette compagnie du 2e régiment étranger d'infanterie et un élément de commandement des Forces françaises au Gabon portent à 580 les militaires français présents à Bangui.

Par ailleurs, "deux hélicoptères Puma en provenance de N'Djamena sont en train de se mettre en place à Bangui", a ajouté le colonel Burkhard. Environ 150 militaires français stationnés au Gabon avaient déjà été déployés à Bangui dans la nuit de vendredi à samedi.

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• Les insurgés se rapprochent. Ce renfort intervient alors que les rebelles du Séléka ont annoncé qu'ils pourraient entrer dans la capitale dès "ce soir ou demain matin". Ils n'ont pas encore convenu de participer aux négociations que les pays de la sous-région tentent d'organiser entre les insurgés et le président François Bozizé. Le chef de l'Etat béninois Thomas Yayi Boni, qui préside l'Union africaine (UA), a rencontré dimanche après-midi son homologue centrafricain à Bangui.

"Nous attendons de voir ce qui sort de la rencontre entre François Bozizé et Yayi Boni avant de prendre une décision", a assuré Nelson Ndjadder, porte-parole du Séléka. "Nous pourrions entrer dans Bangui ce soir ou demain matin." Les insurgés accusent François Bozizé de ne pas avoir respecté les termes d'un accord de paix conclu en 2007 et réclame son départ. 

Le Séléka, qui n'a jusqu'à présent rencontré que peu de résistance, n'a plus qu'à prendre la dernière localité verrou de Damara -où sont regroupées les Forces armées centrafricaines ainsi qu'un contingent "d'interposition" de l'armée tchadienne- pour avoir la voie libre vers la capitale, à 75 km au sud.

• La ligne rouge. Les Etats d'Afrique centrale, qui ont plus de 500 soldats via leur force de pacification régionale en Centrafrique, ont tracé une ligne rouge à l'avancée des rebelles. "Les forces de la CEEAC sont en état d'alerte maximale, et la ville de Damara constitue la limite à ne pas franchir", a déclaré à la radio le chef de mission de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale, Antonio Di Garcia. "Nous demandons aux FACA (les forces gouvernementales) et aux rebelles de ne pas dépasser leurs positions actuelles et de laisser une chance au dialogue", a-t-il ajouté.

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• Quelle est la situation à Bangui ? L'avancée des insurgés a entrainé samedi l'instauration d'un couvre-feu dans la ville. La tension est donc toujours palpable. Samedi soir, les rues étaient désertes, tous les restaurants du centre se sont dépêchés de fermer et de nombreux magasins, fermés eux aussi, étaient gardés par des hommes armés de machettes de crainte de pillage. Des barrages de jeunes armés de machettes sont aussi apparus dans les 4e et 8e arrondissements, le fief du président centrafricain, dans le nord de Bangui.

Selon une Française résidant à Bangui, l'ambassade de France a envoyé dimanche matin par sms le message suivant : "aujourd'hui, recherche de sortie négociée du conflit, prudence, rester chez soi ou chez des amis".