Centrafrique : après trois ans de chaos, Touadéra élu président

Faustin-Archange Touadéra Centrafrique
Faustin-Archange Touadéra a été élu président de Centrafrique © ISSOUF SANOGO / AFP
  • Copié
G.S. avec AFP
Il aura la lourde charge de redresser un pays parmi les plus pauvres de la planète, qui a sombré dans le chaos après les tueries de 2013-14.

C'est la fin d'un d’un cycle de chaos qui aura duré trois ans. L'ancien Premier ministre Faustin-Archange Touadéra a été élu président de Centrafrique, a annoncé samedi l'Autorité nationale électorale (ANE). Il écope ainsi de la lourde charge de redresser un pays parmi les plus pauvres de la planète, qui a sombré dans la violence après les tueries intercommunautaires de 2013-14. Selon les résultats du second tour de la présidentielle publiés par la présidente de l'ANE, Madeleine Nkouet Hoornaert, Touadéra, 58 ans, a recueilli 62,71% des suffrages contre 37,29% pour son rival, Anicet-Georges Dologuélé, qui a reconnu sa défaite.

Un taux de participation de 61%. Dernier Premier ministre de l'ex-président François Bozizé renversé en 2013 par la rébellion Séléka, MTouadéra a obtenu 695.059 voix contre 413.352 à M. Dologuélé, selon l'ANE. Ces résultats doivent être validés par la Cour constitutionnelle de transition. La participation au niveau national n'a pas été aussi forte qu'attendue par les responsables politiques centrafricains, malgré la volonté affichée des électeurs à Bangui lors du second tour dimanche dernier de voter en masse pour élire enfin un président après de nombreux reports, et tourner la page des violences. Sur 1.954.433 électeurs inscrits, 1.153.300 ont voté, pour 1.108.411 suffrages exprimés, selon l'ANE, soit un taux de participation de 61%.

Anicet Georges Dologuélé, un des favoris parmi 30 candidats en lice, était arrivé en tête du premier tour (23,78%) le 30 décembre. Le score de Touadéra (19,42%), candidat "indépendant" qui avait fait une campagne discrète avec moins de moyens financiers que son adversaire, avait été la grande surprise du premier tour. 

"C'est la force tranquille". A pied, sur des motos, dans des voitures et des camions portant des portraits du candidat, criant, chantant, sifflant, ils ont parcouru les principales avenues jusqu'à la nuit tombante. "Touadéra, c'est la force tranquille des enseignants qui s'est révélée au grand jour. Les enseignants constituent une puissance dans ce pays", s'enthousiasmait Elyse, enseignante. "C'est le candidat du peuple. Il était avec nous sur le site de l'aéroport quand les ex-Séléka terrorisaient la population civile. Pendant que les autres se gavaient de poulets fumés et de vin rouge en France et dans d'autres pays européens. Nous allons le soutenir jusqu'au bout", affirme Edouard Pounawala, conducteur de taxi moto.

Hollande le "félicite chaleureusement". Le renversement en mars 2013 du président Bozizé par la rébellion à dominante musulmane de la Séléka avait précipité le pays dans un cycle de violences intercommunautaires, qui a culminé fin 2013 par des massacres à grande échelle et le déplacement forcé de centaines de milliers de personnes, poussant la France a déclencher l'opération militaire Sangaris. Dans un communiqué, François Holllande "félicite chaleureusement Faustin-Archange Touadera pour sa victoire. Il lui souhaite de réussir à rassembler le peuple centrafricain pour la réconciliation et le développement. La France lui apportera tout le soutien nécessaire", écrit la présidence de la République. "Ce scrutin qui s'est déroulé dans le calme et la transparence, démontre l'ampleur du chemin parcouru depuis trois ans. Et la France a fait son devoir de solidarité en y contribuant", poursuit l'Elysée.