Ce que l'on sait du "Kerviel britannique"

Le jeune trader était apprécié de ses collègues d'UBS.
Le jeune trader était apprécié de ses collègues d'UBS. © REUTERS
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avec AFP
PORTRAIT - Le trader de la City, qui aurait causé deux milliards de pertes, n'éveillait aucun soupçon.

Il est soupçonné d'avoir causé une perte estimée à deux milliards de dollars à la banque suisse UBS. Au fil des témoignages, le portrait de ce trader, déjà taxé de "Kerviel britannique", se dessine peu à peu.

En apparence, un trader comme un autre. Elégant, bien éduqué, parfaitement intégré (il est d'origine ghanéenne), Kweku Adoboli, 31 ans, renvoie l'image type d'un trader de la City : celle d'un trentenaire travaillant dur pour réussir. Et aimant la fête et le luxe.

Un voisin, ami et collègue apprécié. "C'est un garçon très gentil, très poli. Il parlait à tout le monde", a raconté à la presse un de ses anciens propriétaires. Il était toujours "très élégant et très courtois. C'était un gars tranquille". Amateur de bons vins, de photographie et de vélo, parcourant le monde pendant ses vacances, il organisait régulièrement de grandes fêtes dans son appartement dernier cri, toujours selon les témoignages de ses collègues. "Il faisait venir des DJs, c'était vraiment le grand jeu", a raconté l'un de ses voisins au Times. "Mais il avait l'air sympa. Une fois je me suis plaint à cause de la musique, et il m'a envoyé une bouteille de champagne pour s'excuser".

Un parcours digne d'une "success story". Fils d'un fonctionnaire de l'ONU, Kweku Adoboli a beaucoup voyagé avec ses parents dans son enfance. Bénéficiant d'un éducation internationale, il a ensuite fréquenté une école privée réputée au Royaume-Uni, puis l'université de Nottingham. Une fois son diplôme d'e-commerce et d'économie numérique en poche, il est entré en 2006 en tant que stagiaire à UBS, où il a rapidement gravi les échelons. Comme beaucoup des trentenaires qui forment le gros des troupes de la City, il travaillait dur, mais gagnait gros, environ 350.000 euros par an, d'après les évaluations de la presse. A 31 ans, il était "en pleine ascension professionnelle" aux dires mêmes de ses collègues.

Il se savait au pied du mur. Sur le compte Facebook à son nom, on pouvait encore lire jeudi : "j'ai besoin d'un miracle". Ce compte est désormais inaccessible.

Il se serait lui-même dénoncé. Selon la BBC, le trader, interpellé en pleine nuit dans son bureau, a lui-même averti la banque d'une situation devenue hors de contrôle.

Sa famille est désemparée. Ses parents qui résident au Ghana ont dit avoir le "coeur brisé". "D'après les informations qui sortent, il est possible qu'il ait fait une erreur ou une faute de jugement", a reconnu son père John Adoboli, ancien fonctionnaire des Nations unies à la retraite, dans la presse britannique. "Frauder ne correspond pas à (l'éthique de) notre famille, que j'ai élevée dans la crainte de Dieu, avec du sens moral".