Catalogne : sous la pression économique, des indépendantistes saisis par le doute

La Caixa Barcelone crédit : PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP - 1280
La banque historique CaixaBank va transférer son siège social de Barcelone à Valence © PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP
  • Copié
Henry de Laguérie, correspondant d'Europe 1 à Barcelone , modifié à
Depuis l'annonce de l'imminence de la déclaration d'indépendance de la Catalogne, plusieurs grandes entreprises ont décidé de transférer leurs sièges. Une fuite qui fait douter certains partisans de l'indépendance.

Le gouvernement espagnol a adopté vendredi un décret pour permettre aux entreprises de transférer plus facilement leurs sièges d'une région à l'autre. Plusieurs d'entre elles ont déjà annoncé qu'elles quittaient la Catalogne, comme la CaixaBank, la troisième banque espagnole, qui va transférer son siège de Barcelone à Valence. Les milieux économiques sont inquiets et la situation est telle que la déclaration unilatérale d'indépendance ne fait plus l'unanimité au sein de l'exécutif catalan.

Des entreprises quittent Barcelone. Si la machine judiciaire et l'intransigeance de Madrid n'ont jamais fait reculer les indépendantistes, la fuite des entreprises qui s'est accélérée vendredi obligera peut-être Barcelone à revoir ses ambitions à la baisse. L'exécutif catalan a-t-il pêché par excès de confiance ? Toujours est-il qu'il n'avait pas prévu une telle panique. Après la banque Sabadell, le départ de la toute puissante Caixa est un séisme, car l'image de cette banque est historiquement associée à la Catalogne. Le géant de l'énergie Gas Natural va également déménager son siège.

Des modérés pris de vertiges. Face à cette situation, la voie unilatérale perd des soutiens. Chez les séparatistes au pouvoir, les modérés sont désormais pris de vertiges. "C'est normal qu'il y ait un vertige parce que nous sommes dans une situation tout à fait inconnue", analyse le politologue Gabriel Colomé. 

"La coalition gouvernementale est en pleine tension et ce n'est pas évident. Il n'y a pas d'unanimité pour la déclaration unilatérale. Il y a trois leaders [catalans] qui ont dit publiquement qu'ils étaient contre." Et parmi eux, l'un des membres du gouvernement catalan en charge des entreprises.

Une indépendance compromise ? Au-delà de la pression économique, la pression politique extérieure est forte. Les images des violences policières ont ému l'Europe mais cela n'a pas fait évoluer la position des États membres qui font bloc derrière Mariano Rajoy. La déclaration d'indépendance se transformera en coquille vide si personne ne reconnaît ce nouvel État.