Confusion au Burundi après la tentative de coup d'Etat

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© Jennifer Huxta / AFP
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et avec AFP , modifié à
Au lendemain de la tentative de coup d'Etat, de violents combats ont éclaté autour du siège de la radio nationale.

LES TROIS INFORMATIONS A RETENIR

• Pierre Nkurunziza, qui achève son deuxième mandat, veut modifier la constitution pour se présenter une troisième fois à la présidentielle.

• Une partie de la population burundaise au moins y est opposée et a multiplié les manifestations ces dernières semaines.

• Godefroid Niyombare, ancien chef du renseignement aujourd'hui limogé, a profité du déplacement du président en Tanzanie pour tenter un putsch.

LA SITUATION ACTUELLE 

Au lendemain de la tentative de coup d'Etat, la confusion règne au Burundi, où il est encore impossible de savoir qui contrôle le pays. De violents combats ont éclaté jeudi autour du siège de la télévision nationale, à Bujumbura, entre militaires putschistes et partisans du président Pierre Nkurunziza, qui serait de retour au Burundi après un déplacement officiel en Tanzanie, annonce la présidence. 

Politiquement, la situation est très confuse

Après des semaines de crise politique, tout s'est accéléré mercredi dans le pays, quand Godefroid Niyombare, l'ex-chef des renseignements burundais a annoncé la destitution du président Nkurunziza, alors en déplacement en Tanzanie. Les deux camps se livrent à une guerre de l'information, la présidence burundaise a par exemple aussitôt répliqué en affirmant que ce coup d'Etat mené par des militaires "mutins" avait été "déjoué". Le général putschiste a malgré tout assuré avoir le soutien de "beaucoup" d'officiers de l'armée et de la police. Ce qu'il tente de prouver jeudi en multipliant les assauts, qui ont provoqué la mort d'au moins trois militaires.

• Concrètement, de violents combats se déroulent pour le contrôle des médias

Dans cette lutte pour le pouvoir où la propagande a une grande importance, les radios sont logiquement des cibles de choix pour les putschistes. C'est à l'aube que le bâtiment de la RTNB a été attaqué, après que chef d'état-major des forces armées burundaises, Prime Niyongabo, resté loyal au président, eut annoncé l'échec du coup d'Etat sur les ondes de la radio nationale, qui demeure sous le contrôle de la présidence. Les combats ont été violents, avec des belligérants armés de mitrailleuses lourdes et de lance-roquettes. Puis ils se sont calmés jeudi en fin de matinée - les putschistes disent désormais contrôler quasi-totalement la ville - avant de reprendre avec un peu plus de force quelques heures plus tard. En début d'après-midi, la radio n'émettait plus. Elle a reprise l'antenne vers 16 heures heure française, son directeur affirmant qu'elle était toujours sous contrôle loyaliste. 

La très populaire radio RPA aurait également été attaqué. "Cette nuit, une camionnette remplie de policiers a attaqué la RPA. Ils ont affronté pendant longtemps des soldats qui protégeaient cette station. Finalement, ils ont tiré à la roquette sur la RPA, qui a été incendiée", a affirmé Innocent Muhozi, président de l'Observatoire de la presse au Burundi et patron de la télévision Renaissance elle aussi attaquée, selon lui.

Des traces de sang derrière les studios de la radio RPA

•Que le coup d'Etat réussisse ou pas le pays est au bord de la guerre civile

Plus que la seule tentative de putsch de mercredi, c'est la situation politique et sociale burundaise qui inquiète. Le pays est sorti d'une guerre civile violente en 2005, grâce aux accords d'Arusha, signés au Rwanda. Ces accords précisent expressément que le président ne peut pas briguer plus de deux mandats. Or, Nkurunziza tente actuellement de se présenter une troisième fois à l'élection présidentielle. Il a obtenu l'aval de la Cour Suprême, qui considère qu'il ne s'est présenté qu'une seule fois, étant donné qu'il a été directement nommé et non pas élu avant son premier mandat. Mais ces justifications constitutionnelles ne sont pas convaincantes pour les opposants, qui manifestent en nombre depuis des semaines dans les rues des villes du pays. La répression de ces mouvements, l'expulsion des adversaires politiques de Nkrunziza et la censure de la presse ont fait monter la tension, précipitant le pays au bord du gouffre de la guerre civile, comme l'explique le site Vox (en anglais).