Brindisi : "ce geste a tué l'Italie"

Des milliers d'habitants de Brindisi, dont beaucoup de jeunes, ont manifesté samedi soir contre l'attentat qui a coûté la vie à une lycéenne de 16 ans.
Des milliers d'habitants de Brindisi, dont beaucoup de jeunes, ont manifesté samedi soir contre l'attentat qui a coûté la vie à une lycéenne de 16 ans. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
Les habitants ont manifesté samedi contre l'attentat qui a coûté la vie à une lycéenne de 16 ans.

La population de Brindisi est encore sous le choc après l'explosion d'une bombe devant un lycée, qui a provoqué la mort d'une lycéenne de 16 ans et blessé dix autres élèves. Des milliers d'habitants cette ville du sud de l'Italie dont beaucoup de jeunes, ont manifesté samedi soir contre l'attentat. Un geste qui a "tué l'Italie, pas seulement Brindisi", selon les propros du maire de ce port des Pouilles.

"Aujourd'hui, on a le coeur brisé. Celui qui a commis ce geste a tué l'Italie, il n'a pas seulement tué Brindisi", a déclaré Mimmo Consales, ceint de son écharpe tricolore, après une minute de silence à la mémoire de Melissa Bassi.

"C'est un acte de lâcheté"

Sur la place de la Victoire, située non loin du bord de mer, l'atmosphère est encore lourde et la colère gronde aussi à travers des banderoles qui demandent des comptes : "Les mafieux hors du parlement", ou plus simplement "Arrêtons la mafia". Quelques cris fusent: "Les hommes politiques dehors".

Regardez l'intervention, place de la Victoire, du président de la région des Pouilles Nichi Vendola :

Dans la foule, nombre de personnes n'arrivent pas à retenir leurs larmes. "Je suis bouleversé, d'autant plus que ma fille va dans cette école. Ce matin, nous sommes arrivés avec cinq minutes de retard: c'était le chaos total, on ne comprenait pas ce qui se passait", raconte Lorenzo De Michele. "C'est un acte de lâcheté parce que s'en prendre à des enfants c'est quelque chose de vraiment ignoble", dit-il les larmes aux yeux.

"Notre présence ici ce soir, ça sert à faire comprendre l'état d'esprit des gens, mais il faut aussi plus de contrôles, enfin...je ne sais pas", lâche-t-il désemparé.
Vincenzo, un grand échalas de 21 ans au menton ornée d'une barbichette, est "venu pour protester. Mettre des bombes dans les écoles, à qui cela peut-il venir en tête, que ce soit la mafia ou quelqu'un d'autre", s'indigne-t-il.

Des manifestations dans tout le pays

Accablée, Brindisi a proclamé dimanche et lundi journées de deuil, et ordonné la fermeture des écoles pour permettre aux jeunes de participer aux funérailles de Melissa. Des manifestations ont réuni des milliers d'Italiens également à Naples, Milan, Turin et Rome, pour protester contre la violence et le terrorisme d'où qu'il vienne.

L'attentat a rappelé à beaucoup les années de plomb du terrorisme (années 70) et les attentats de 1992 et 1993 contre les juges anti-mafias Falcone et Borsellino ainsi que des musées et églises.

Les soupçons des autorités se sont initialement portés sur la mafia locale, la "Sacra Corona Unita", mais les enquêteurs ont ensuite affirmé que la nature artisanale de la bombe et le fait d'avoir visé un lycée féminin ne correspondaient pas aux méthodes du crime organisé. L'explosion qui n'a pas été revendiquée s'est produite au moment où les élèves de cet établissement professionnel, qui porte le nom de la femme du juge anti-mafia Giovanni Falcone, assassinée avec lui en Sicile en 1992, s'apprêtaient à gagner leurs classes en début de matinée.