Brésil : discorde des deux chambres du Parlement sur la destitution de Rousseff

Les députés avaient voté l'ouverture du procès en destitution de Dilma Rousseff pour maquillage des comptes publics.
Les députés avaient voté l'ouverture du procès en destitution de Dilma Rousseff pour maquillage des comptes publics. © ANDRESSA ANHOLETE / AFP
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avec agences , modifié à
Le vote des députés sur la procédure de destitution de Dilma Rousseff a été annulé par le président du Congrès. De son côté le Sénat, également appelé à voter sur cette question, compte bien procéder au scrutin.

Le président en exercice du Congrès des députés brésilien, Waldir Maranaho, a annulé lundi à la surprise générale le vote des députés qui ont approuvé le 17 avril la procédure de destitution de la présidente Dilma Rousseff, a-t-on appris de source officielle. Cette décision crée une totale confusion dans la mesure où les sénateurs étaient appelés à voter cette semaine l'ouverture formelle du procès en destitution de Dilma Rousseff pour maquillage des comptes publics, synonyme de mise à l'écart du pouvoir de la présidente pour six mois en attendant un jugement final. Quelques heures plus tard, le Sénat a annoncé qu'il maintenait son propre vote sur cette question.

Une "atteinte au droit de pleine défense de la présidente". Waldir Maranhao a estimé que le vote des députés constituait un "pré-jugement" de la présidente de gauche et avait porté "atteinte au droit à une pleine défense de la présidente". "Pour cette raison, j'ai annulé la session (plénière du Congrès des députés) des 14, 16, 17 avril pour que soit convoquée une nouvelle session pour délibérer sur la question", a-t-il indiqué dans un texte distribué aux journalistes par la présidence de la chambre basse. Waldir Maranhao a donné droit à une demande présentée par l'avocat général de l'Etat et ancien ministre de la Justice de Mme Rouseff, José Eduardo Cardozo, qui assure la défense de la présidente au parlement.

Quelles conséquences ? La présidente a appris la nouvelle avec incrédulité lors d'une cérémonie publique au cours de laquelle ses partisans exultaient en criant "il n'y aura pas de coup d'Etat". "Je ne connais pas les conséquences de cette décision. Restons prudents", a lancé Dilma Roussef, confirmant que la procédure était "suspendue".  Selon toute vraisemblance, l'opposition va présenter un recours en urgence contre la décision de Waldir Maranaho devant le Tribunal suprême fédéral. De son côté, le président du Sénat, Renan Calheiros, a dit rejeter la décision du président de la chambre basse et maintenir son scrutin, prévu cette semaine, pour décider si Dilma Rousseff doit ou non être renvoyée devant la justice.

Waldir Maranhao a remplacé la semaine passée à la tête de la Chambre des députés Eduardo Cunha, suspendu par la Cour suprême du pays dans une enquête sur une affaire de corruption. Adversaire implacable de Dilma Rousseff, Eduardo Cunha était celui qui avait lancé la procédure en destitution de la présidente brésilienne.