Breivik s'était déguisé en policier

Au moment d'embarquer pour l'île d'Utoya, Anders Breivik est resté imperturbable.
Au moment d'embarquer pour l'île d'Utoya, Anders Breivik est resté imperturbable. © REUTERS
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avec AFP , modifié à
Deux témoins-clé présents au moment du drame se rappellent d'un homme imperturbable.

Il avait tout planifié. Peu après que la bombe a explosé près du siège du gouvernement à Oslo le 22 juillet dernier, Anders Behring Breivik a pris la direction du pont d'embarcation pour l'île d'Utoya, située à 30 km au nord-ouest de la capitale norvégienne.

C'est là, parfaitement déguisé en policier et imperturbable, qu'il croise un vigile et le capitaine du ferry. Deux hommes qui ont témoigné jeudi, au onzième jour de son procès. Deux hommes qui, dix mois après le drame n'ont rien oublié de ce jour.

Breivik arrive en Fiat

"On dégage une certaine autorité quand on arrive en uniforme de policier", a expliqué Simen Braeden Mortensen devant le tribunal d'Oslo. Chargé de contrôler les personnes voulant embarquer pour Utoya où se tenait un camp d'été de la Jeunesse travailliste, le jeune vigile se souvient comment Breivik lui a expliqué avoir été envoyé par précaution après l'attentat à la bombe qui venait de ravager le siège du gouvernement à Oslo ce jour-là.

Arrivé dans une banale Fiat grise, le tueur laisse le vigile perplexe. Mais la fausse carte du PST, le service de renseignement intérieur, que Breivik porte autour du cou a finalement raison de ses soupçons. "J'ai cru que c'était une pièce d'identité policière légitime", a-t-il concédé. Face à lui, Breivik demeure imperturbable.

Le capitaine estime avoir "agi comme il le fallait"

Passé ce premier obstacle, le tueur présumé embarque sur le ferry MS Thorbjoern, immobilisé sur Utoya après l'attentat d'Oslo mais exceptionnellement envoyé sur l'autre rive pour convoyer le faux policier. Témoignage très attendu, le capitaine du ferry, Jon Olsen, a expliqué à la barre comment il a lui-même aidé à transporter une caisse qui s'avérera pleine de munitions, puis comment il s'est enfui après les premiers coups de feu, laissant derrière lui sa concubine morte et sa fille désemparée.

"Je passe le plus clair de mon temps à me demander si j'aurais pu agir autrement. A chaque fois, j'arrive à la conclusion que j'ai agi comme il le fallait", a déclaré le capitaine à la barre. "L'uniforme et tout le reste laissaient supposer que tout était en ordre", a-t-il affirmé.

"Il fallait mettre le bateau loin de là"

Juste après avoir débarqué la lourde caisse que Breivik dit remplie d'équipements de détection d'explosifs, Jon Olsen voit le faux policier abattre sa première victime, le vigile du camp. "Je pense alors qu'il s'agit d'un exercice mais, d'un autre côté, j'imagine que j'aurais été au courant", s'est souvenu Jon Olsen.

Paniqué, il prend la fuite puis, au terme d'un long détour, parvient à regagner le MS Thorbjoern avec lequel il appareille, accompagné des quelques personnes qui ont réussi à trouver refuge à bord. "Il fallait mettre le bateau loin de là" hors de portée des balles de Breivik, a-t-il expliqué.

Ayant reçu un message affirmant que sa fille était saine et sauve, le capitaine aidera ensuite à convoyer les services de secours sur l'île et à en évacuer morts et blessés. Malgré tout, 69 jeunes membres du Parti travailliste sont tombés sous les balles de Breivik sur l'île. Huit autres personnes sont mortes dans l'attentat d'Oslo.