Boko Haram, "une secte qui s'appuie sur un business florissant"

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ANALYSE – Pour les experts Antoine Glaser et Mathieu Guidère, le groupe terroriste islamiste Boko Haram fonctionne comme une bande organisée.

250 jeunes filles enlevées. Les élans de solidarité se sont multipliés dans le monde depuis le début de la semaine: Barack Obama, François Hollande, plusieurs  chefs d’Etats ont proposé leur aide au président nigérian Jonathan Goodluck pour s’attaquer à la secte islamiste Boko Haram qui sévit dans le nord du pays. Après l’attentat d’Abuja, ces dernières semaines les membres de cette organisation ont enlevé pas moins de 250 jeunes lycéennes qu’ils détiennent dans une forêt du nord du pays. Mais au-delà de la nature terroriste de ces actes, les invités d’Europe soir Antoine Glaser, journaliste spécialiste de l’Afrique, et Mathieu Guidère, islamologue, soulignent combien Boko Haram agit aussi par intérêt financier dans cette affaire d’enlèvement de masse.  

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"Les jeunes filles sont vendues 10 à 15 dollars". "Le Nigéria est le second pourvoyeur de prostitution en Europe derrière les pays de l’Est", rappelle Mathieu Guidère qui ajoute : "C’est une économie complète, vous avez dans ces régions des marchés de ces jeunes filles qui sont ensuite transférées en Europe et aux Etats-Unis. Ces lycéennes pourraient finir dans ces filières. Il faut bien comprendre que ça n’a rien à voir avec de l’esclavage au sens médiéval du terme, ici nous parlons de réseaux de prostitution très bien organisés, même mieux qu’en Europe de l’Est. En général, les jeunes filles sont vendues 10 à 15 dollars, puis doivent se prostituer pour espérer racheter leur liberté".

Business florissant. De la même façon, Antoine Glaser insiste sur la particularité de Boko Haram par rapport à d’autres organisations terroristes : "Il ne faut pas s’imaginer que c’est comme Al-Qaïda au Maghreb Islamique. Bien sûr que c’est une secte nigériane qui veut appliquer la charia dans le nord du pays, mais si elle est si puissante c’est qu’elle s’appuie sur un business florissant établi grâce à une partie de l’armée. C’est aussi pour ça que Jonathan Goodluck, qui est le président nigérian et qui est un homme du sud, ne se sort pas de ce bourbier.  Il ne faut pas traiter Boko Haram sur le plan du terrorisme seulement comme on le fait habituellement, c’est en fait un problème beaucoup plus large pour le Nigéria : un problème social et un problème économique. C’est ça la réalité."

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