Ben Laden: le Pakistan pointé du doigt

C'est à Abbottabad, au nord-ouest du Pakistan que se cachait Oussama Ben Laden lorsqu'il a été tué
C'est à Abbottabad, au nord-ouest du Pakistan que se cachait Oussama Ben Laden lorsqu'il a été tué
  • Copié
avec Jean-Philippe Balasse et Emmanuel Faux , modifié à
Les Etats-Unis accusent le Pakistan de double jeu dans la lutte contre le terrorisme.

24 heures après l’annonce de la mort de Ben Laden, la tension est bien réelle entre les Etats-Unis et le Pakistan, dont le rôle dans cette affaire suscite interrogations et soupçons. Washington accuse le Pakistan de double jeu dans la lutte contre le terrorisme. Oussama ben Laden n’était pas caché dans une zone tribale, il était à une heure de route d’Islamabad dans un secteur habité avec beaucoup de militaires, il a eu sans doute des complicités sur le terrain.

Les Etats-Unis demandent des explications

Outre-Atlantique, les réactions n’ont pas tardé. Dès lundi, les membres du Congrès américain ont demandé au Pakistan d’expliquer comment Ben Laden, a pu vivre tranquillement en pleine ville, au nez et à la barbe de l’appareil sécuritaire. John Brennan, principal conseiller antiterroriste du président Barack Obama n’a pas caché sa colère. "Je pense qu'il est inconcevable que Ben Laden n'ait pas bénéficié d'un système de soutien dans le pays qui lui a permis de rester là pendant longtemps", a-t-il lancé.

Le Pakistan "a pris sa part de travail"

Le Pakistan a réagi lundi soir par la voix de son ambassadeur aux Etats-Unis qui a promis une enquête sur les ratés des services du renseignement dans leur traque d’Oussama ben Laden. De son côté, le président pakistanais, Assif Ali Zardari a tenu à rappeler que le Pakistan "avait pris sa part de travail" dans la traque, sans donner toutefois plus de détails.

Cela en dit assez long sur la méfiance qui s’était installée entre l’administration des Etats-Unis et les Pakistanais. Il est assez spectaculaire de penser que la CIA et le renseignement ont travaillé dans le plus grand secret depuis des mois sans rien partager avec Islamabad. Une absence de communication qui peut être interprétée comme une perte de confiance des Américains envers un partenaire clé dans la région qu'ils soutiennent financièrement.

La France s’interroge

La diplomatie française a également réagi mardi estimant que la position du Pakistan " manque de clarté ". Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé doit recevoir dans la soirée à Paris le Premier ministre pakistanais, Yousuf Raza Gilani. Le chef de la diplomatie française a souligné qu’il demanderait à Yousuf Raza Gilani " d’expliquer comment les choses se sont passées ". "J'ai du mal à imaginer que la présence d'un individu comme Ben Laden dans un compound important, dans une ville relativement petite, ait pu passer complètement inaperçue. C'est un sujet d'interrogation", a-t-il ajouté.