Bangladesh : heurts après le retrait d'une statue de la justice sous la pression d'islamistes

Bangladesh Dacca, crédit : STR / AFP - 1280
L'érection de cette statue avait provoqué des manifestations de masse. (Image d'illustration de février 2017) © STR / AFP
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avec AFP , modifié à
Le démantèlement de la statue a provoqué des heurts entre policiers et manifestants devant la Cour suprême et sur le campus de la Dhaka University.

Des affrontements se sont produits vendredi à Dacca après que les autorités du Bangladesh ont fait retirer de devant la Cour suprême une statue représentant la justice, jugée "non islamique" par des musulmans fondamentalistes.

Gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc. La police a tiré des gaz lacrymogènes et des balles en cahoutchouc et a utilisé des canons à eau pour disperser plusieurs centaines de manifestants qui protestaient contre l'enlèvement de la statue, signe, selon eux, de l'islamisation insidieuse de ce pays d'Asie du Sud. "Quatre personnes ont été interpellées pour avoir forcé un barrage et des manifestants ont aussi saccagé plusieurs voitures", a déclaré le commissaire adjoint de la police de Dacca, Maruf Hossain Sorder.

Érigée il y a seulement six mois. Les travaux pour démanteler la statue érigée il y a moins de six mois devant la Cour suprême à Dacca ont été supervisés par son sculpteur Mrinal Haque. "C'est une claque pour tous les progressistes de ce pays", a déclaré le sculpteur. L'enlèvement de cette statue a provoqué des heurts entre policiers et manifestants devant la Cour suprême mais aussi sur le campus de la Dhaka University, un bastion des défenseurs de la laïcité.

Une déesse grecque indigne du Bangladesh. L'installation de la statue de "Dame justice" devant la plus haute juridiction du pays a semé la discorde dans ce pays à majorité musulmane. Des islamistes ont organisé des manifestations de masse pour protester contre ce qu'ils voient comme une déesse grecque indigne du Bangladesh. La statue représente une femme qui tient une balance et qui a les yeux bandés. Les islamistes exigent qu'elle soit remplacée par le Coran, bien que le Bangladesh soit doté d'une Constitution laïque.

Un soutien stratégique. La Première ministre Sheikh Hasina, qui dirige le parti séculaire Awami League, a semblé soutenir les islamistes quand elle a critiqué récemment l'oeuvre, qualifiée de "ridicule". "Pour ma part, je ne l'aime pas. On dit que c'est une statue grecque. Mais comment une statue grecque a-t-elle atterri ici ?", a-t-elle lancé. D'après les analystes, la Première ministre tentait ainsi de gagner les faveurs des islamistes et de l'électorat rural conservateur avant les élections prévues avant la fin de l'année. Sheikh Hasina a choqué les laïcs par ses nouvelles prises de position.

Le Bangladesh glisse depuis quelques décennies vers un islam rigoriste, sous l'influence d'un wahhabisme de plus en plus présent dans le pays, loin de la version modérée de l'islam qui a prévalu pendant des générations. Des blogueurs athées, des étrangers et des membres des minorités religieuses ont été assassinés ces dernières années.