Bachar al-Assad : "rien n'empêche que je me porte candidat"

Bachar al-Assad en juin 2013
Bachar al-Assad en juin 2013 © CAPTURE D'ECRAN FRANCE 24
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avec AFP
INTERVIEW - Le président syrien a confié à l’AFP que la guerre qu’il mène contre les rebelles serait longue.

L’INFO. Pour le dirigeant syrien, le timing est parfait. Bachar al-Assad a annoncé dans une interview exclusive à l'AFP qu'il y avait de "fortes chances" qu'il soit candidat à un nouveau mandat en juin et exclu de confier la tête d'un futur gouvernement à un opposant.

Dans cet entretien réalisé dimanche au palais du Peuple à Damas, Bachar al-Assad a prévenu que la guerre qu'il mène contre les rebelles serait  longue. Une déclaration qui intervient à deux jours de la conférence internationale de Genève II, censée ouvrir la voie à une issue politique au conflit qui a fait plus de 130.000 morts depuis mars 2011.

Souriant et décontracté. "Je considère que rien n'empêche que je me porte candidat (...) et si l'opinion le souhaite, je n'hésiterai pas une seconde à le faire. Bref, on peut dire qu'il y a de fortes chances que je me porte candidat", a déclaré Bachar al-Assad, qui est apparu souriant et décontracté.

Âgé de 48 ans, Bachar al-Assad, au pouvoir depuis juillet 2000, a succédé à son père Hafez al-Assad décédé en juin 2000 après avoir dirigé le pays durant 30 ans. Interrogé sur l'opposition [reconnu notamment par la France] le président syrien lui a dénié toute représentativité, estimant qu'elle était "fabriquée" par les services de renseignements étrangers.

L’opposition, "une plaisanterie". "Ils viennent aux frontières pour une demie-heure avant de prendre la fuite, comment peuvent-ils alors devenir membres du gouvernement. Est-ce qu'un ministre peut exercer ses fonctions de l'extérieur ? De telles idées sont totalement irréalistes, on peut les considérer comme une plaisanterie", a indiqué le président syrien qui envoie une délégation participer à la conférence en Suisse.

Alors que les combats ne connaissent pas de répit, il a affirmé que son armée avait accompli des progrès face aux insurgés qu'il qualifie de "terroristes"."Nous pouvons dire que nous réalisons des progrès dans la lutte antiterroriste, mais cela ne signifie pas que la victoire est imminente", a-t-il reconnu. "Ce genre de bataille est compliqué, elle n'est pas facile et demande beaucoup de temps", a-t-il ajouté avertissant que "si la Syrie perd la bataille, le chaos s'installera dans tout le Moyen-Orient".

"La France est devenue un pays vassal". Le président syrien Bachar al-Assad a accusé la France, qui soutient la rébellion dans son pays, d'être devenue un pays "vassal" du Qatar et de l'Arabie saoudite en échange des "pétrodollars". "La France est devenue un pays vassal qui exécute la politique du Qatar et de l'Arabie saoudite. Comment les pétrodollars peuvent-ils pousser certains responsables occidentaux, notamment en France, à échanger les principes de la Révolution française pour quelques milliards de dollars?", a-t-il dit.

Rebelles ou djihadistes, aucune différence. Pour Bachar al-Assad, la première priorité de Genève II doit être "la lutte contre le terrorisme", alors que la principale revendication de l'opposition est que cette conférence aboutisse nécessairement à son départ du pouvoir. "La conférence de Genève doit aboutir à des résultats clairs concernant la lutte contre le terrorisme (...) cela serait la décision, le résultat le plus important de la conférence. Tout résultat politique qui ne comprendrait pas la lutte contre le terrorisme n'aura aucune valeur", a-t-il dit.

Il a rejeté toute distinction entre rebelles et djihadistes qui se livrent depuis plus de deux semaines à une guerre sans merci. "Nous sommes devant une seule partie, à savoir les organisations terroristes extrémistes indépendamment des appellations dans les médias occidentaux", a encore dit le dirigeant.

Pas de fuite envisagée. Bachar al-Assad, qui vit à Damas avec sa femme et ses trois enfants, a indiqué n'avoir jamais pensé à fuir le pays depuis le début du conflit. "Fuir n'est pas une option dans ces cas-là. Je dois être au premier rang des défenseurs de la patrie. C'était le seul scénario depuis le premier jour de la crise", a-t-il martelé.

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